Les risques du perfectionnisme


McGlothlinSeekingPerfection.jpgC’est une perfection de n’aspirer point à être parfait. (Fénelon)

Ah! les perfectionnistes… les professeurs les adorent. Quel enseignant n’est pas saisi de ravissement devant ces élèves appliqués, suspendus à leurs lèvres, qui suivent toutes les instructions à la lettre, qui s’échinent tard dans la soirée pour remettre un travail impeccable, et que l’on récompense d’une image, d’un sourire tendre ou d’une citation en exemple. Et ne font-ils pas la joie des parents, ces petits chérubins? Mais si l’émulation profite à certains, d’autres ne réussissent pas à composer avec tant de pression.

Le perfectionnisme, plus fréquemment observable chez les filles, m’a toujours inquiété. Probablement parce que je préfère la manière de la plupart des garçons, généralement une analyse qui cherche à trouver l’expédient le plus court. Voilà que j’apprends que le perfectionnisme peut occasionner la dépression, des troubles du comportement alimentaire, voir des pensées suicidaires (New York Times : Unhappy? Self-Critical? Maybe You’re Just a Perfectionist).

Certains chercheurs identifient trois types de perfectionnistes, lesquels peuvent désigner tant des élèves que des enseignants : ceux qui s’imposent de hauts critères de réussite, ceux qui exigent la perfection de la part des autres, et ceux qui visent un idéal auquel ils se croient assujettis par les autres.

Je m’inquiète surtout pour les élèves que l’obsession de plaire et de suivre les consignes entraîne à la docilité procédurale. L’apprentissage, et surtout l’autonomie dans l’apprentissage, nécessite une bonne part de risque et d’erreur, ne serait-ce qu’afin de composer avec l’échec. Or, l’obsession pour les résultats ne fait rien pour encourager les élèves à sortir des sentiers battus.


(Image thématique : Seeking Perfection, par Gordon McGlothlin)


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6 réponses

  • ton billet résonne avec celui-ci
    http://automatesintelligent.blog.lemonde.fr/automatesintelligent/2006/03/le_rapport_de_l.html
    où j’avais répondu à Simone :

    Décréter que “En classe les enfants qui vivent heureux
    ne sont pas violents ,parlent facilement ,s’intéressent à ce qui les entoure, n’expriment pas des peurs des souffrances ou des rejets et cela dés la petite section de maternelle” me semble tout à fait caricatural, réducteur et dangereux…C’est faire bien peu de cas des suicides de jeunes pour qui apparemment tout allait très bien y compris sur la plan scolaire…

  • Mis à part ce que j’ai souligné ici et en relisant mes commentaires liés à ce billet, je trouve qu’ils manquent singulièrement de nuances…je mesure une partie du chemin parcouru et je découvre une fonction d’auto-évaluation des blogs ! :-) intéressant !

  • Chantal dit :

    La pression est beaucoup plus grande pour les personnes perfectionnistes ou qui ont a coeur de réussir ce qu’elles entreprennent. Nous avons 3 filles. L’aînée est une grande perfectionniste et ce depuis sa tendre jeunesse. Elle récolte la satisfaction du travail bien fait mais en revanche le stress lié aux échéances est beaucoup plus important. La deuxième est complètement à l’opposé. C’est un gars dans l’âme (excusez-moi messieurs). Pourquoi en mettre plus que le client en demande. Elle pratique avec ferveur la philosophie «ROGER BON TEMPS». Je crois qu’elle récolte également la satisfaction du travail bien fait, le stress en moins (sauf celui que je lui mets sur les épaules). M. Guité, vous devriez avoir le bonheur de lui enseigner l’an prochain. Quant à la 3e, elle se situe entre les deux. Elle a la sagesse de celle qui observe ses deux grandes soeurs. Tenter de corriger l’une ou l’autre est impossible. Je ne dis pas que c’est génétique mais…

  • Maurane C. dit :

    Je ne me suis surtout pas reconnue dans cet article!:P J’ajouterais par contre qu’en dépit du nouveau programme d’éducation, il est plus difficile pour les élèves de se fixer des objectifs, puisque nous ne sommes peu informés des conséquences de nos travaux ou évaluations. Selon moi, ces nouvelles pratiques diminuent notre motivation et augmente notre stress. En bout de piste, les perfectionnistes le sont toujours et peut-être encore plus!

  • Je suis tout le temps choqué que l’on juge un élève perfectionniste « seulement » si il obtient en 20/20 à un devoir.
    On est dans le même genre de caricature réductrice que celle citée par Florence.

    Un devoir de math où tous les résultats sont « numériquement » faux peut avoir été réalisé avec l’obsession du perfectionnisme. Et un autre peut être entièrement correct mais abordé avec dilettante.

    Le perfectionnisme est une attitude de vie, obsessionnelle, et certainement pas un bulletin de note :o|

  • D’un point de vue personnel, je témoigne que j’étais du genre dilettante au collége et au lycée, en faisant juste ce qu’il fallait pour suivre le cursus que l’on me souhaitait ; Brevet, Bac C (Math & Physique), puis Math Sup & Spé.

    Par contre en prépa, en donnant « tout », et en devenant obsessionnellement perfectionniste, je continuais d’avoir de mauvaises notes. Ce qui est en fait une généralité dans cette section, et n’empêche pas de réussir à décrocher une admission… Mais moralement, face à l’incapacité d’avoir au moins la moyenne, je me suis effondré.



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