Les écoles en tant que facteur d'obésité


KimbleFatCat.jpgL’obésité, cet exil intérieur… (Xavier Patier)

L’école, comme un vieillard, languit dans la nostalgie d’une autre époque. Incapable de composer avec le changement, elle s’accroche à ses traditions. Cette dérive présente des dangers. Le retard technologique, c’est une chose, mais négliger la santé des enfants équivaut à une désertion morale. Jean-Pierre Després, un expert en matière d’obésité et chercheur à l’Université Laval, fustige les écoles pour leur « manque d’éthique » à l’endroit d’un problème qui frôle la catastrophe (Globe and Mail : Schools blasted for obesity epidemic; Canada.com : We can make kids healthy and fit by giving them proper work to do). Le chercheur n’y va pas par quatre chemins en accusant les écoles d’être « non-civilisées » et « toxiques ».

En toute justice, il faut applaudir les efforts du gouvernement pour combattre la malbouffe dans les écoles (Le Devoir : Québec débloque 11 millions pour mieux manger à l’école). Mais cela ne fait rien pour contrer la sédentarité qui empâte les élèves. Le Dr. Després suggère d’intégrer l’activité physique dans les programmes disciplinaires, par exemple en apprenant à compter en sautant à la corde.

D’autres solutions qui méritent considération :

• Accroître le temps dévolu à l’éducation physique. La recherche a démontré l’effet positif de l’activité physique sur le rendement académique (voir Les effets de l’exercice sur le cerveau). De plus, plusieurs études ont révélé que l’organisation scolaire la plus bénéfique consiste à allouer les deux tiers du temps aux activités de classe et un tiers à l’éducation physique, tout en supprimant les devoirs (source : Globe and Mail).

• Investir dans les loisirs et le sport. L’obésité juvénile et les problèmes de santé reliés à l’inactivité entraînent des coûts faramineux. Les investissements dans le sport constituent, par conséquent, des économies à long terme.

• Intégrer les organismes de sport aux programmes de formation. Il existe déjà un vaste réseau d’organismes de sports et de loisirs qu’on devrait associer au réseau des écoles et dont les activités s’inséreraient facilement dans le programme de formation. N’avons-nous pas, après tout, un ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport?

• Modifier l’architecture des écoles. Les écoles ont été bâties en fonction d’un vieux modèle d’apprentissage qui cloue les élèves sur leur chaise. Il existe de nouveaux concepts de classe, plus propices à la collaboration et à l’autonomie d’apprentissage, qui encouragent la mobilité des élèves (voir Repenser les environnements d’apprentissage).

• Favoriser l’école communautaire. Une école tournée vers la communauté encourage les activités de coopération avec le milieu. Les élèves ne demandent pas mieux que de sortir de la classe (voir Sortir les salles de classe des écoles).

Les avantages de l’activité physique ne se limitent pas qu’à la santé. L’école s’en portera mieux, de même que la société dans son ensemble, sans compter l’économie. Le plus désolant, dans l’état actuel des choses, est de voir toute cette jeunesse, pourtant débordante d’énergie à la naissance, contaminée par l’immobilisme de l’école.


(Image thématique : Fat Cat, par Warren Kimble)


Par ricochet :

Lutter contre l’obésité à l’école

La portée de l’éducation physique à l’école

Repenser les environnements d’apprentissage

L’école empoisonne les enfants

Les effets de l’exercice sur le cerveau

Ouvrir les gymnases scolaires pour combattre l’obésité

Les investissements en éducation rentables pour la santé

Sortir les élèves de la classe: exploiter l’environnement

Sortir les salles de classe des écoles

Des écoles communautaires pour le Québec ?

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