Élargir la publication universitaire


RockwellUniversityClubÀ lui seul le mot Université est une stupidité prétentieuse. (Édouard Herriot)

Les universités, indubitablement, recèlent un savoir de haut niveau. Hormis quelques exceptions toutefois, elles perpétuent d’anciens modèles de transmission. L’expertise gagnerait à être mieux diffusée. Après tout, les moyens de communication ont bien changé depuis Gutenberg. Depuis l’avènement des nouvelles technologies de la communication et la dynamisation des réseaux sociaux, il faut s’étonner du peu de débat public sur l’utilisation que nous faisons de ce haut savoir collectif. Il appert que la difficulté de réformer l’éducation n’affecte pas que le primaire et le secondaire.

La blogosphère représente un microcosme intéressant de la diffusion universitaire. Le répertoire des carnetiers universitaires de Montréal a disparu. Au Québec, je ne connais plus qu’un seul professeur, Patrick Giroux, qui prend le temps de bloguer. En contrepartie, les étudiants qui bloguent de manière professionnelle ne se comptent plus. Par exemple, Benoit Plante et Julia Ionescu-Jourdan, François Rivest et Guillaume Lamy maintiennent des sites dont l’apport m’est inestimable. Malheureusement, le fossé générationnel et le fait qu’il y ait plus d’étudiants que de professeurs n’expliquent pas tout. Certains formidables blogueurs sont devenus silencieux dès qu’ils eurent accédé au professorat.

Loin de moi l’idée de dénigrer le travail des professeurs d’université. Leur tâche dépasse la mienne, sans compter le poids de la recherche. Quoique cette dernière constitue une richesse extraordinaire, je m’interroge sur l’obligation de transformer les professeurs en chercheurs. Force est d’admettre que le rôle de chercheur ne convient pas à tout le monde. La libération du joug de la recherche, en plus de concentrer les fonds de recherche parmi les chercheurs motivés, permettrait à des professeurs de s’investir dans une action communautaire plus élargie. Dans une économie du savoir, l’engagement dans le savoir doit également être considéré comme une action. Les conférences, les écrits dans les médias, les blogues, pour ne nommer que ceux-là, devraient être considérés au même titre que la publication dans les revues scientifiques. Peut-être, alors, le Québec aurait-il son George Siemens ou un Stephen Downes.

En élargissant leur rayon d’action, les universités atténueraient leur image d’élitisme et de snobisme. L’hétérogénéité dans laquelle elles s’isolent n’est peut-être pas le meilleur moyen de servir la société. Quoique louable, le fait d’offrir des cours en ligne, comme le fait le MIT, ne remplace pas le dialogue social.

Mise à jour, 22 mai 2007 | Mille excuses à Jean-Pierre Proulx d’avoir négligé ses nombreuses participations au récent blogue du RAEQ. Je n’étais pas certain de son statut de professeur d’université, mais j’aurais facilement pu consulter la liste des membres pour m’en assurer. Le cercle, par conséquent, s’élargit peu à peu en nombre. Au chapitre de la qualité, par contre, c’est immensurable.

Mise à jour, 25 mai 2007 | Après avoir filtré le tag del.icio.us Yulacademic suggéré par François Rivest, que je remercie, voici donc une liste à jour des professeurs d’université qui bloguent au Québec (par ordre alphabétique) :

(Image thématique : University Club, par Norman Rockwell)


Par ricochet :

Connexions : le partage des connaissances

UBC a adopté les portfolios électroniques

Une université canadienne offre des vodcasts gratuits

iTunes U : la métamorphose pédagogique se poursuit

Une université contribue à Wikipedia

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17 réponses

  • David D'Arrisso dit :

    Je crois que vous connaissez un autre professeur nouvellement blogueur avec qui vous partagez vos réflexions sur le blogue du RAEQ, il s’agit de Jean-Pierre Proulx. Ses antécédents journalistiques y sont peut-être pour quelque chose. Par ailleurs, je suis plutôt d’accord avec votre constat, les professeurs d’université québécois ont la plume (clavier?) relativement chiche lorsque vient le temps d’intervenir sur la blogosphère. Est-ce là un symptôme du léger retard informatique que le Québec est en voie de « rattraper »? Seul l’avenir nous le dira… et comme nous le chante si bien Vincent Vallières, « l’avenir est bien plus proche qu’avant »!

  • Je n’étais pas certain du statut de professeur d’université de Jean-Pierre Proulx. Merci de la précision, David. Je vais tâcher de réparer ma bourde avant d’être foudroyé ;-)

  • Il existe toujours cette liste http://del.icio.us/tag/YulAcademic?setcount=100 qui peut être utile.

    Il y a eu une discussion avec Daniel Lemire sur le sujet ici http://www-etud.iro.umontreal.ca/~rivestfr/wordpress/2007/01/26/blogues-academiquesscientifiques-au-quebec/

  • Un exemple que je trouve intéressant, est le titulaire de la Chaire en Éthique des affaires qui assure (avec ses collègues) un blogue officiel sur le sujet. http://www.cea.umontreal.ca/-Blogue- Je crois que cet un exemple qui pourrait suivi par d’autres.

  • Bloguer pour émettre des opinions que l’on articule et justifie prend beaucoup de temps… J’aimerais le faire, mais c’est très difficile car on accorde très peu d’importance à ce type de contribution lors de notre évaluation. Il faut donc faire des choix et partager son temps entre la recherche, les cours, la supervision d’étudiants, les projets de développement pédagogique et le service aux collectivités. Résultat: PédagoTIC présente le plus souvent de courts billets au sujet de ressources pédagogiques ou TIC et il constitue donc, dans les faits, plutôt un répertoire qu’un blogue. Lors de mon prochain rapport d’évaluation (celui qui mènera à la permanence si tout va bien), je présenterai PédagoTIC comme un élément de mon cours, un développement pédagogique. Dans le futur, j’oserai peut-être l’ajouter comme un éléments de publication ou de service à la collectivité… Mais le problème de reconnaissance des blogues dans le milieu universitaire n’est que la pointe de l’iceberg. Le changement à opérer est beaucoup plus important. Dans mon milieu, même les journaux scientifiques en ligne avec révision par les pairs sont souvent considérées comme des journaux de seconde catégorie…

  • Merci pour les tuyaux, François. J’en ai profité pour dresser une liste des professeurs d’université québécois qui bloguent encore à ce jour.

    Peu importe comment on utilise un blogue, il y a toujours quelqu’un pour en profiter. Il y a un bon moment déjà que Patrick se retrouve dans mon agrégateur, et je lui sais gré de l’information qu’il a l’amabilité de partager. Malheureusement, son commentaire ci-dessus illustre la difficulté pour ces professeurs de sortir des ornières.

  • Bien que je n’aie jamais été professeur, j’en ai côtoyé pendant suffisamment longtemps à titre d’étudiant, d’assistant de recherche et de chargé de cours pour savoir que leur tâche peut être lourde lorsqu’ils la prennent au sérieux. Et c’était le cas de la très, très grande majorité de ceux que j’ai eu le plaisir et le privilège de côtoyer. Or, bloguer demande du temps et, dans l’état actuel des choses, il est difficile de faire reconnaître ce travail dans l’un des volets de la tâche professorale. Dans son commentaire, Patrick Giroux explique d’ailleurs tout cela bien mieux que je ne saurais le faire.

    Par ailleurs, je ne sais pas si la pratique est répandue, mais il existe d’autres formes de contribution à la Toile. Par exemple, certains livres et certaines revues sont offerts gratuitement en ligne, comme chez Érudit, par exemple.

    Il y a également le site, dont j’ai malheureusement oublié l’adresse url, où l’on publie en ligne les grands classiques des sciences sociales.

    M. Giroux, si je puis me permettre, tout « outsider » que je sois, en ce qui concerne vos efforts pour faire reconnaître votre travail sur votre blogue dans l’un des volets de votre tâche, je crois que vous devriez concentrer vos efforts sur le volet service à la communauté. À première vue, cette voie me semble beaucoup plus défendable que celle du volet publication. Publiant sur votre blogue, vous rendez indubitablement service à la communauté en lui faisant partager votre travail. Par contre, l’absence de révision par les pairs, la brièveté et le caractère « carnet de note » des billets publiés sur un blogue militent contre la reconnaissance de ce travail dans le volet publication d’une tâche professorale.

    Finalement, en ce qui concerne la disponibilité en ligne et gratuite des revues scientifiques ou savantes, je suis très perplexe. Je ne m’explique pas que ce type de publication ne soit pas généralisé puisque les enjeux économiques me paraissent mineurs dans la très grande majorité des cas.

    En ce qui concerne le préjugé dont vous faites état sur les revues en ligne, je le dis sans méchanceté aucune, c’est probablement un autre avatar du côté un peu prima dona que l’on retrouve chez plusieurs professeurs d’université.

  • Très intéressant, le site Érudit. Certains textes sont offerts en entier aux non-abonnés. Merci, André.

  • Bonjour André,

    l’adresse URL en question est probablement celle-ci :

    http://classiques.uqac.ca/

    (Bibliothèque numérique dirigée bénévolement par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi – et dont le RSS des ajouts est plutôt actif.)

  • Bonjour Patrice,

    Merci beaucoup pour l’adresse url. C’est tout à fait cela. Je l’ai mise dans mes signets.

    Merci encore et au plaisir.

  • Il y a de quoi bloguer, dans le milieu universitaire québécois.
    Je suis pas un bon exemple (n’ayant pas un très haut statut ni une pratique du blogue si exemplaire). Mais j’ai vraiment l’impression qu’il peut se passer beaucoup de choses intéressantes dans le blogue universitaire québécois.

    D’après moi, il est moins important de compter les blogues académiques que de dynamiser le milieu universitaire à l’aide de blogues et d’autres outils du genre. C’est pas que le Québec soit en retard. C’est plutôt que nous avons des façons assez spécifiques de procéder. Mieux vaut en profiter.
    D’ailleurs, il serait intéressant d’avoir des discussions sur le blogue universitaire dans le cadre du CÉFES. Ils parlent souvent de balado-diffusion et seraient probablement ouverts à l’idée de parler de blogues en contexte universitaire, que ce soit pour l’enseignement ou pour la recherche.

    [Même si j'ai commencé à bloguer alors que j'étais officiellement professeur à plein temps, je suis surtout chargé de cours, en ce moment. Mon blogue principal porte souvent sur des sujets qui touchent au milieu académique et je participe à d'autres blogues académiques comme linganth.blogspot.com et blog.criticalworld.net (dont je suis aussi «modérateur»). Sans compter mes blogues d'enseignement comme anthromusic.blogspot.com (pour mon cours d'anthropologie de la musique).]

  • « D’après moi, il est moins important de compter les blogues académiques que de dynamiser le milieu universitaire à l’aide de blogues et d’autres outils du genre. »

    Bien dit. D’une part, je crois cette dynamisation par le biais des nouvelles technologies est déjà en train de se produire, mais sur une base individuelle, compte tenu du peu de professeurs qui se manifestent. La lacune se situe peut-être présentement au niveau du maillage social. Mais cela devrait venir avec le temps.

    Par ailleurs, je crois que Jean-Pierre Proulx marque un point en demandant si les structures actuelles de l’école n’ont pas atteint certaines limites.

    P.-S. J’ai ajouté votre nom à la liste des blogueurs universitaires québécois.

  • Certes, les profs d’université qui bloguent ne courent pas les rues. Je termine actuellement un livre sur les blogues en science, j’en sais quelque chose. Mais dans votre liste, vous avez oublié un groupe d’une dizaine de blogueurs, dont 5 ou 6 sont profs d’université -soit autant que tous ceux que vous avez énumérés: il s’agit des scientifiques qui bloguent sur Science! on blogue, les six blogues de l’Agence Science-Presse. http://blogue.sciencepresse.info

    Peut-être sont-ils oubliés parce qu’ils sont en sciences, plutôt qu’en sciences sociales?

    Science! on blogue a commencé en octobre 2005 et, petit à petit, avec des billets d’un (très) haut niveau de qualité, généralement (très) bien vulgarisés et (le plus souvent possible) ancrés dans l’actualité, élargit son audience et bâtit sa crédibilité. Il est dommage que ce blogue ne soit pas encore assez connu pour qu’on pense spontanément pensé à lui, mais ça viendra.

  • C’est par ignorance, uniquement, que les professeurs qui bloguent sur Science! on blogue étaient absents de la liste, une négligence que je me suis empressé de corriger. Merci de me le signaler. N’hésitez pas à me signaler tout autre blogueur qui devrait être ajouté à une liste que j’espère voir s’allonger. Mon ignorance n’a pas de limite.

  • Personnellement, j’aime bien la proximité que le blogue crée entre le simple quidam que je suis et certains universitaires que je n’aurais jamais le plaisir (ou le loisir) de connaître autrement. Il demeure trop rare que les universitaires partagent ce que leur apprennent leurs études sur notre monde. Le blogue me semble un outil à privilégier. Il serait même intéressant que les universités invitent leurs professeurs à exploiter ces outils qui les mettraient leurs chercheurs sur la place publique et permettraient à tous de profiter de ce que nous apprennent les avancées de la science. Bien entendu, comme c’est le cas pour tous les blogueurs, il faudra nécessairement revoir le « droit à l’erreur » que nous donnons aux universitaires.

    En ce sens, j’aime particulièrement le blogue de Juan Cole (http://www.juancole.com/ ) qui me semble un très bon exemple de la puissance des blogues universitaires. Cole utilise les outils de sa science pour comprendre notre monde et partage son analyse quotidienne avec le monde!

  • Juan Cole blogue depuis avril 2002. C’est fichtrement impressionnant! Permettre aux universitaires « le droit à l’erreur » : bien dit Charles-Antoine.

  • Bonjour,
    Je suis Cristina Dumitru. Nous avons analysé votre blogue et nous serions intéressés à entrer en contact avec vous afin de vous proposer d’être un BLOGUEUR accrédité de Publicationweb.com.
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    Au plaisir de vous compter parmi nous!
    Cristina.dumitru@publicationweb.com



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