Le gouvernement canadien veut régir Internet


TrafficControlPost.jpgGouverne le mieux qui gouverne le moins. (Lao-Tseu)

Titre bien pompeux, voire captieux, que celui du projet de loi C-427 : Loi sur l’assainissement d’Internet. Quoique l’intention de combattre la pornographie juvénile, la haine raciale et la violence contre les femmes (pourquoi seulement les femmes?) soit louable, les moyens envisagés entrouvrent la porte à l’intrusion gouvernementale dans la vie privée. Martin Lessard fait une analyse intéressante du projet de loi en soulignant la similarité au défunt Child Online Protection Act de George Bush (Zéro seconde : Projet de loi sur l’assainissement d’Internet).

La régie des licences de service par le CRTC nous ramène au contrôle des médias de masse qu’Internet a si formidablement esquivé. Nonobstant la gravité des problèmes qui empoisonnent la Toile, il est naïf de croire qu’un contrôle local des infrastructures réglera le problème; les criminels trouveront toujours un moyen d’exploiter le maillage du réseau au détriment des gens honnêtes.

Les solutions bureaucratiques sont vaines devant la complexité d’Internet. Le contrôle de la Toile doit venir des utilisateurs mêmes. On gagnera bien plus à éduquer les utilisateurs à l’éthique des communications et à développer une culture de supervision collective qu’à échafauder des lois. Plutôt que d’engager des fonctionnaires, il serait plus profitable de renforcer les effectifs policiers chargés d’appliquer le Code criminel existant. Une fois de plus, il faut dénoncer l’absence d’une véritable éducation aux nouvelles technologies dans les écoles.

Tôt ou tard, les gouvernements doivent composer avec les échecs de l’éducation, dont il a pourtant la responsabilité. Selon qu’on la néglige ou qu’on en fait une priorité, on a affaire à un cercle vicieux ou vertueux. Pour l’instant, nous amorçons un cercle vicieux alors que les gouvernements sentent le besoin de contrôler internet. Geoffroi Garon attire notre attention sur Code 2.0, le nouveau livre de Lawrence Lessig, dans lequel il affirme que la supervision d’Internet reviendra forcément à un mélange épars de contrôles gouvernementaux et de surveillance citoyenne (Biotope : Code 2.0 de Lawrence Lessig : Un livre sur le contrôle de l’Internet et du Cyberespace). La mesure du premier, à mon avis, dépendra de la participation du second.

(Image thématique : Traffic Control Post)


Par ricochet :

La neutralité d’Internet menacée
La culture des filtres Internet
La neutralité d’Internet
Faut-il refondre Internet?

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