TIC : le Canada en perte de vitesse / motivation scolaire


MinacaMotivation.jpgLes pilotes se moquent de marcher. Ce qui les motive, c’est de pouvoir voler. (Neil Armstrong)

Dans son dernier rapport sur les nouvelles technologies, le World Economic Forum fait perdre cinq places au Canada, qui passe du 6e au 11e rang du classement mondial depuis l’année dernière. Les États-Unis glissent de la 1ere à la 7e position. Fait remarquable, tous les pays scandinaves se retrouvent parmi les 10 premiers : Danemark (1), Suède (2), Finlande (4), Islande (8) et Norvège (10). Sur le nouvel échiquier mondial, alors que les manufactures émigrent vers les pays en voie de développement, que reste-t-il si nous laissons filer notre avantage sur le plan du savoir et de la technologie? Le tiers-monde technologique dans nos écoles n’augure rien de bon. Comme le dit Gilles Jobin : « Quand réalisera-t-on que nos enfants vivent dans un monde perso-socio-technologique ? »

La motivation des élèves à apprendre ce que l’école met au menu est au plus bas. L’enseignement qu’on y sert ne vaut d’ailleurs guère mieux que la malbouffe de ses cafétérias. La langueur n’est-il pas le cri du silence de toute une génération qu’on envoie de force au goulag ? En réponse au billet de Gilles, Jacques Cool fait tristement ressortir ce que plusieurs jeunes pensent de l’école :

    • When I go to school, I have to power down.

    • It’s not Attention Deficit; I’m just not listening.

    • The cookies on my computer know more about me than does my teacher.

Les jeunes ne sont pas bêtes. Ils réalisent très bien, hors des murs de l’école, l’apport des nouvelles technologies à l’apprentissage. Le livre n’est plus l’outil de premier ordre qu’il a déjà été. Au risque d’en choquer plusieurs, il est devenu accessoire… important, mais tout de même secondaire. Les manuels et les cahiers d’exercices, surtout, sont des boulets : pas d’hyperliens, pas d’outil de recherche, pas de multimédia, pas d’interaction, pas de correction instantanée, pas de réseau, etc. Il faut bien apprivoiser le livre, car on y trouve des choses merveilleuses, mais est-ce nécessaire de faire l’exercice tous les jours? Il ne faut pas prendre les jeunes pour des cruches.

Les jeunes, qui ne traînent pas le passé scolaire des adultes, sont plus conscients de la multifonctionnalité des nouvelles technologies. Elles ont un immense effet sur la motivation scolaire quand les professeurs savent tirer profit des nouvelles fonctionnalités dans un but d’apprentissage. Au regard des facteurs de motivation scolaire de Viau, elles augmentent la perception de la valeur de la tâche en étant branchées sur la réalité, elles confèrent plus de contrôlabilité sur la tâche, et elles stimulent la perception de compétence en offrant plus de stratégies de résolution de problème. Le cas d’une école de Sacramento qui s’est métamorphosée après avoir investi dans les nouvelles technologies et la formation du personnel devrait nous inspirer (News10 : Major Overhaul Improves Grades at Struggling School).

We’ve already seen growth in both language arts and math. We’ve seen growth in our writing and reading. Our suspension rate is down in our school by 50 percent.

L’impact des nouvelles technologies sur la motivation scolaire est d’ailleurs bien documenté (voir, par exemple, le ICT Impact Report; PDF). Les jeunes ont droit à une éducation de qualité. C’est dans l’intérêt de tous. Négliger la jeunesse va coûter beaucoup plus cher à long terme qu’on ne pense.

(Image thématique : Motivation, par Pilar Minaca)


Par ricochet :

Motivation, plaisir et gratification

Le point sur la motivation intrinsèque

Motivation : coopération ou compétition ?

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7 réponses

  • Renaud dit :

    Cette école de Sacramento offre un programme intéressant… ils se concentrent sur la création multimédia, la musique et les podcasts pour motiver les jeunes. On ne parle plus souvent du multimédia de nos jours, je lis beaucoup sur l’effet des blogues, mais le fait de créer du contenu « riche » parle beaucoup aux jeunes et rend le contenu académique plus pertinent à leurs yeux.

  • Très juste. Pour ma part, j’ai été impressionné par ce passage : “In addition to doing their own assignments, students also help teachers enhance the curriculum by putting lessons on podcasts that are given to the entire class.”

  • Luc Papineau dit :

    On remet toujours en question l’école quand on aborde le problème de la motivation des jeunes. Pourtant…

    Comment se fait-il que ma fille va dans une école de fous bourrés d’examens et qu’elle aime ça? Est-elle folle à son tour?

    Je ne peux même pas penser que c’est à cause de moi: je ne la pousse pas, je ne l’épie pas, je ne lui enseigne rien sinon que d’avoir du plaisir et d’apprendre et que ses grosses notes ne valent rien si elle ne se sert pas de ce qu’elle apprend pour se construire une vision cohérente du monde et faire des liens. Et cette partie de discussion (parce qu’on échange, ce n,est aps un monologue) dure un gros 15 minutes par deux semaines.

    Il existe au Québec de puissants facteurs extra-scolaires qu’il faut considérer quand on aborde le sujet de la motivation des élèves. Au risque de partir un débat endiablé, je me souviens d’un sondage ou l’on notait que l’importance des études était moindre au Québec que partout ailleurs au Canada. De même, dans le ROC, on ramasse des sous pour payer l’université. Ici, on débraie pour qu’elle soit gratuite…

    Le Québec a de plus en plus des allures du Terre-neuve de la Confédération canadienne. On sous-estime beaucoup trop les impacts de la pauvreté quant à l’école tout comme on sous-estime également beaucoup une certaine culture de la pauvreté, du «né pour un petit pain qui touche son chèque à la fin du mois», d ela misère qui s’embourbe dans la misère.

    Je ne parle même pas du rapport à la culture hyper-subventionné dans la Belle Province et de l’absence d’une culture de la formation continue.

    Je ne sais pas, je lance une piste: au lieu de regarder l’école, peut-on regarder notre société au lieu de toujours vouloir demander à l’école de se refaire?

  • Luc Papineau dit :

    J’ai oublié de parler de la culture parentale, mais je suis certain qu’on aura l’occasion d’y revenir.

    Exceptionnelement, M. Guité, pourriez-vous me contacter? J’aurais une question de nature personnelle à vous poser.

  • Renaud dit :

    Eh bien monsieur Papineau, sans être un expert, je dirais que votre fille se situe dans le pourcentage des filles (est-ce 40% ?) qui réagissent bien à toutes les situations d’apprentissage… et qui réussissent malgré tout. Le problème de la motivation atteint beaucoup plus les garçons et le reste des filles qui ont besoin d’être motivés autrement.

    Il est sûr que l’intégration de la technologie aide à motiver ces élèves pour qui l’école doit offrir quelque chose qui est pertinent à leurs yeux. Si l’école est déjà pertinente, alors tant mieux! Et oui, la culture parentale aussi y est pour quelque chose, mais ce n’est pas aussi simple. Bien des parents s’impliquent beaucoup et de faôns différentes sans que ça n’ait d’impact sur la motivation des jeunes. Certains ont un impact négatif, d’autres un positif, et parfois au sein de la même famille. Le caractère de l’enfant y est pour quelque chose aussi.

    Reste après à débattre du fait que l’école enseigne ce qui est pertinent pour la réussite futuredes jeunes, une fois motivés. Et ça, c’est aussi un autre débat :-)

  • Il y avait justement un article très intéressant dans le New York Times (For Girls, It’s Be Yourself, and Be Perfect, Too) sur ces filles à qui tout semble réussir à l’école.

    Les problèmes de l’éducation sont complexes, j’en conviens. Il faut trouver une façon de répondre aux besoins de tous les élèves. En ce sens, je trouve que Renaud fait une analyse assez holistique de la situation.

    Je ne crois pas que l’école puisse demeurer intacte tout en demandant à la société de corriger ses fautes. L’école est au service de la société, et non l’inverse. Le rôle de l’école est de composer avec les forces sociales afin d’y préparer les élèves. Or, comme la société est mouvante, l’école doit l’être également en s’adaptant à l’environnement.

    Il y a bien des savoirs essentiels qui doivent absolument être transmis, mais il y a aussi de nouvelles connaissances et compétences qui émergent au fil du temps.



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