L'envers de la numérisation

LawrenceLibrary.jpgUne bibliothèque, c’est le carrefour de tous les rêves de l’humanité. (Julien Green)

Quoique nous produisons désormais des données à une cadence qui frôle notre capacité à les stocker (SiliconValley : Overflowing with data), il reste que la plus grande partie de notre histoire demeure consignée dans les bibliothèques. Le graphique ci-dessous montre bien la faible proportion de la National Archives (États-Unis) que la numérisation a ressuscitée. Par conséquent, plusieurs bibliothécaires s’inquiètent de voir leurs bâtiments relégués au rang de sites archéologiques par les générations internet pour qui l’information non numérisée, pratiquement, n’existe pas (New York Times : History, Digitized (and Abridged)). Considérant que rien n’a de sens hormis un contexte historique et culturel, il devient urgent d’attirer les jeunes dans les bibliothèques.

      DigitizingNationTreasuresSm.jpg

      (Cliquez sur l’image pour un agrandissement; source : New York Times; notez que la portion tronquée de l’énorme cercle gris-bleu de l’en-tête représente la somme des archives de textes)

À défaut de se moderniser, les bibliothèques se videront comme les églises et ses serviteurs s’éteindront lentement. En réalité, la discrimination entre les archives matérielles et virtuelles ne vaut réellement que pour les chercheurs. D’une part, le passé consigné numériquement va s’allonger au fil des ans. D’autre part, la fracture est bien peu de choses en comparaison de la quantité d’information maintenant accessible au bout de quelques clics. Le commun des mortels n’a pas l’habitude de fouiner dans les entrailles des bibliothèques; les rayons l’éclairent bien au-delà de son entendement.

Par ailleurs, le coût prohibitif de la numérisation fait en sorte que la majorité des artefacts ne seront pas numérisés. Au train où vont les choses, il faudra près de 2000 ans à la National Archives pour numériser tout ce qu’elle abrite. À long terme, il y a plus à craindre de l’effacement des pays moins riches qui n’ont pas les moyens de numériser leurs archives, menant ainsi à l’américanisation de l’histoire.

Mise à jour, 13 mars 2007 | Un article intéressant dans le magazine en ligne First Monday (The library: A distinct local voice?) suggère que les bibliothèques trouvent le salut en tant que centre d’information locale et communautaire.

(Image thématique : La bibliothèque, par Jacob Lawrence)


Par ricochet :

La numérisation des bibliothèques

Pourquoi des bibliothèques numériques ?

Les cathédrales du savoir


Europeana : la bibliothèque participative (Zéro seconde)

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