Utilisation de la messagerie instantanée à l'école


Les jeunes ont rapidement compris l’utilité de la messagerie instantanée. L’évolution des communications tendant à la rapidité, il est surprenant que les adultes n’aient pas adopté la messagerie instantanée. Ces derniers préfèrent encore le téléphone pour les communications immédiates, avec raison ; mais il demeure que certaines occasions sont mieux desservies par la messagerie instantanée, comme lorsqu’on doit rejoindre plusieurs personnes simultanément, ou se garder des sonneries importunes. Ainsi, je crois que la messagerie instantanée peut être mise à profit dans les écoles.

Un article de l’Associated Press (USA Today : ‘E-mail has become the new snail mail’ as younger set goes with text messaging ; version française de la même source) met en évidence certains avantages de la messagerie instantanée sur le courrier électronique :

    • pas de messages sans réponses qui s’empilent ;

    • absence de pourriel ;

    • multiconnectivité ;

    • silence ;

    • pas de traces écrites ;

    • brièveté.

Quelques professeurs et moi avons l’intention d’expérimenter avec la messagerie instantanée l’année prochaine. Nous croyons qu’elle peut être utile. Nous prévoyons les usages suivants :

- communiquer avec les collègues pendant un cours (pour obtenir réponse à une question, par exemple) ;

- coordonner des projets interdisciplinaires ;

- ouvrir un canal de communication entre les élèves, par voie interposée, quand le motif est justifié ;

- communiquer avec le secrétariat ;

- communiquer avec la direction.

Certaines de ces hypothèses s’avéreront probablement peu pratiques, alors que d’autres que nous n’avions pas entrevues nous surprendront. Quoi qu’il en soit, nous aurons au moins le plaisir d’expérimenter.


Par ricochet :

Courriel vocal

Les profs sont unidirectionnels, les élèves multi

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10 réponses

  • Les élèves utilisent déjà depuis plusieurs années la messagerie instantannée. Mais la plupart des écoles empêchent leur utilisation en bloquant l’accès à celle-ci.

    Bien sûr, certains élèves utilisent ce système pour faire autre chose que le travail demandé, mais une fois qu’on peut leur faire comprendre l’utilité de la chose, surtout lors de travaux d’équipes, ou encore pour échanger de l’information avec des collègues, et non seulement pour parler de la pluie et du beau temps.

    J’espère que ton expérimentation va porter fruit et que tu ne le regretteras pas.

  • Je partage tout à fait ton point de vue, François!
    Ici, dans l’école vaudoise en Suisse, il y a une sorte d’accord tacite qui fait que le « chat » est interdit dans les écoles, puisque considéré comme l’une des activités les plus dangereuses à pratiquer sur Internet, au niveau des rencontres malvenues que l’on pourrait y faire. Ce danger, réel, ne devrait pas faire perdre de vue les aspects positifs que tu fais bien ressortir dans ton billet.
    Cela cache en réalité une mécompréhension du phénomène, car il est nécessaire de distinguer clairement « chat » et « messagerie instantanée ». Si les deux phénomènes sont proches, ils n’en sont pas moins très différents, puisque dans le premier cas l’on est en contact avec des personnes que l’on ne connaît pas forcément, alors que dans le second ce sont des contacts choisis avec lesquels on communique.
    Une fois cette distinction effectuée, je pense que l’on peut introduire la messagerie instantanée dans l’école.
    J’ai personnellement découvert cette pratique il y a deux ans et j’en suis devenu un fervent adepte. Je suis persuadé que c’est un outil qui va a terme être largement utilisé par tous et il est nécessaire d’y former nos élèves.
    Un collègue responsable informatique me faisait une remarque amusante à ce propos: il constatait que son fils de 18 ans tapait plus vite que lui sur l’ordinateur et il a réalisé que celui-ci n’avait appris que par la pratique quotidienne de la messagerie instantanée!
    Nous allons travailler l’année prochaine avec iChat qui offre l’avantage de tirer profit du protocole Bonjour et qui permet de communiquer avec tous les utilisateurs présents à l’intérieur du réseau de l’école. Mac OS X Server offre également des services intéressants en ce sens qu’il donne accès à un compte iChat pour tous les utilisateurs du serveur.
    Je resterais volontiers au courant des avancées de ton projet et me ferai un plaisir de te communiquer comment cela se déroule chez nous, avec, pourquoi pas, une collaboration sur certains points? As-tu des élèves anglophones qui souhaitent apprendre le français?

  • Il est absolument aberrant que des écoles interdisent la messagerie instantanée. Est-ce qu’on interdit aussi à ces élèves de parler entre eux ? Quel illogisme : couper des canaux de communication alors qu’on prêche les vertus du socioconstructivisme. Qu’est-ce que ces éducateurs croient ? que les jeunes vont apprendre à utiliser les nouvelles technologies de la communication sans jamais faire d’écarts ? On n’apprend pas à nager sans prendre quelques tasses d’eau.

    Remerciements sincères à Mathieu et Gabriel d’avoir fait monter ma pression. Les émotions sont le sel de la vie.

    Et je retiens ton invitation, Gabriel. Je réitère ma gratitude. Mes élèves parlent tous français, mais cela ne fait qu’accroître les possibilités de collaboration, n’est-ce pas ? Toutefois, il faudrait que ce soit sur une base individuelle, car je suis assez réfractaire à l’idée d’imposer une activité à tous les élèves.

  • Je suis avec toi François et j’en comprends tous. J’étais chanceuse d’avoir un labo de langues numéique à mon école qui m’a donc donné la possiblité de laisser jaser les élèves dans des salles de tchats que j’ai créé sur l’ordinateur et un système qui l’a permis. Et oui, interdire la messagerie instantée ne fait pas de sens quand cela coute rien. La seule possibilité est de créer un site web ou quelque chose comme ça qui permet aux profs de la permettre mais sous leur contrôle.

  • J’utilise la messagerie instantanée depuis longtemps, puisque je suis une « jeune adulte » qui a passé des veillées d’ados devant des fenêtres de chat. Et je l’utilise personnellement en classe depuis que je travaille.
    À mon école, c’est effectivement interdit, et les élèves qui me « surprennent » me disent « Oh Madame! Vous n’avez pas le droit! ».
    Pourtant, j’en ai besoin pour mon travail, et c’est ce que je leur réponds. J’ai des ressources techniques et pédagogiques au bout des doigts, des personnes qui peuvent m’éclaircir très rapidement sur toutes sortes de questions. J’ai mon réseau là, tout près, et comme jeune enseignante, je peux vous dire que c’est une ressource de plus grandement appréciée. Et je n’y aurais pas droit?
    Mais bon, les gestionnaires (gestionnaires d’établissements, de réseaux, et de classe…) vous diront que c’est trop difficile à gérer et qu’on ne voit pas tout ce qui s’y passe. L’art de tout vouloir contrôler.

    Pour terminer, anecdote : il y a quelques années, lorsque j’étais à Québec, il m’arrivait régulièrement d’envoyer un petit message instantané à ma mère, histoire de prendre des nouvelles et de dire bonjour. Étant étudiante et ayant des horaires loin du 8 à 4, sans regarder l’heure je vois ma mère en ligne et je lui fais un petit coucou. Surprise! C’est toute une classe de maternelle qui était branchée sur une présentation canon d’un élève qui me répond! OK, c’était ma mère qui manipulait le clavier, mais j’ai jasé quelques minutes avec les élèves, pris de leurs nouvelles et leur ai parlé de mes caméléons, en leur envoyant une ou deux photos. Je les ai ensuite laissés à leur activité, et suis retourné à mes études. J’ai reçu quelques semaines plus tard une boîte remplie de dessins de caméléons, que j’ai toujours d’ailleurs. Mon cher Charlie s’est ensuite dévoué à la postérité en s’adonnant à une séance photo à côté de chaque dessin individuellement, qui ont ensuite été renvoyés à la maternelle…
    Je ne peux plus faire ma visite annuelle dans la classe de ma mère depuis quelques années,distance oblige, mais un petit tour virtuel engendre parfois des moments aussi riches.

  • Fameux témoignages qui corroborent l’utilité de la messagerie instantanée.

    L’anecdote, savoureuse, de Marie-Élaine illustre la beauté et la puissance éducative de la spontanéité, un élément de motivation et une stratégie pédagogique souvent ignorés. Les élèves adorent les surprises et l’imprévu. C’est d’ailleurs, je crois, l’un des principaux désavantages des manuels scolaires, alors que les élèves ont souvent anticipé le contenu des cours à venir. Toutes ces belles pages, largement illustrées et parsemées de couleurs vives deviennent vite des pétards mouillés.

  • Je suis souvent amusé de voir mes élèves en salle informatique « discuter » via iChat alors qu’ils sont l’un à côté de l’autre. Comme Gabriel, j’applique la consigne: les élèves ne peuvent chater que dans la limite du LAN. Ils n’ont pas le droit d’accès à l’extérieur. Une autre piste intéressante est le traitement de texte collaboratif, mêlant chat et traitement de texte. Un excellent moyen de travailler à plusieurs mains sur un document écrit.
    Je n’ai pas encore de position à savoir si le fait que les élèves chatent pendant les cours est perturbant ou pas. Je doute qu’ils parlent du sujet du jour. Mais au moins ils se taisent pendant ce temps :-) Cette petite pique mise à part, je sais que la corvée des devoirs est devenus pour mes élèves un travail de collaboration via MSN, le soir. Les devoirs se font ainsi en commun, malgré la distance. Enfin, alors que nous, adultes, nous contentons de l’écrit, les élèves mêlent volontiers l’écrit (dans leur idiome SMS), l’audio et la vidéo. J’ai bien l’envie, à la rentrée, de faire un petit sondage sur l’usage personnel des TIC par les élèves. Le doute m’assaille: j’ai l’impression que nos cours sont basés sur les moyens informatiques que nous avons à disposition, et pas sur l’usage réel de nos élèves, souvent bien mieux dotés en matériel que l’école.

  • Je me souviens d’avoir sondé les élèves quant à leur utilisation de MSN, et je crois me rappeler que ça tournait autour de 90 %. Mais l’idée de poser la question à propos de l’entraide pour le travail scolaire est encore plus intéressante. Il faudra que je repose la question.

    J’aime bien cette hypothèse à l’effet que « nos cours sont basés sur les moyens informatiques que nous avons à disposition, et pas sur l’usage réel de nos élèves. » Je crois que c’est bien le cas pour plusieurs enseignants et élèves.

  • Le débat commence aussi chez nous: http://www.responsable.info/forum/viewtopic.php?p=4835

    Cette année sera aussi une année de test dans ma classe. J’ai une dotation élevée d’élèves connectés à Internet. Je vais commencer par faire une petite étude sur l’usage du chat par mes élèves.

  • Ah ! on en parle. C’est le plus important. Malheureusement pour nous, le débat a lieu dans un forum privé. Bonne chance avec votre expérimentation.



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