La suppression du français au Maine (et sa renaissance)


Je connaissais l’histoire des Québécois qui ont émigré vers la Nouvelle-Angleterre à la fin du XIXe siècle pour travailler dans les manufactures de textile. Mon père, qui est féru d’histoire, m’a également appris comment cet exode répondait à un besoin de main-d’oeuvre francophone, considérant que les Américains avaient recours à une expertise et à des contremaîtres français pour opérer les manufactures. Mais j’ignorais le sort qu’on a fait subir aux immigrants pour qu’ils s’assimilent à la population locale. À l’instar de l’acculturation imposée aux peuples autochtones, ces Québécois ont été soumis à des politiques de défrancisation. En 1919, l’état du Maine adoptait une loi obligeant toutes les écoles à enseigner en anglais. Du coup, la stigmatisation sociale a convaincu plusieurs francophones à assimiler leurs enfants. Mais on n’étouffe pas aussi facilement l’identité de ses origines. Heureusement, et tout à l’honneur des dirigeants actuels, le fait canadien-français connaît aujourd’hui une renaissance au Maine (New York Times : Long-Scorned in Maine, French Has Renaissance).

Par ricochet :

Histoire à dormir debout (Cybercarnet du ProfNoël)

Nouveau programme d’histoire – Une polémique sur des bases erronées (Les carnets Dédalus)

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8 réponses

  • Je vais écrire quelque chose sur cet article aussi. Merci d’avoir publié ce signet. Cet article m’a touché au nivau personnel, même mon mari. Malgré avoir le nom Levasseur, il ne parle pas français à cause de la mentalité qu’on en parle dans cet article. Cependant, il vient de Worcester, Massachusetts où on peut voir l’influence franco-canadienne. À Worcester, il y a une paroisse qui s’appelle Notre -Dame des Canadiens. À Worcester, la compétition pour des jobs dans les métiers comme la construction était si dûre qu’ils ont commencé à parler en anglais pour les gagner. Cela vient surtout de la mentalité de la Dépression.

  • Merci d’ajouter une touche personnelle à ce billet, Margarita. C’est encore plus troublant. Je ne crois pas que nous aurions fait mieux dans les circonstances. C’est déjà un miracle que certains ont réussi à préserver un attachement à leurs racines.

  • Danielle Gaillard dit :

    Je vous remercie d’avoir fait connaître cet article. Mon arrière grand-père a immigré au Maine de Québec et mon père, qui n’a parlé que le français à la maison, a été obligé de l’abondonner dès sa rentrée à l’école à 5 ans. J’ai toujours été intrigué par ces racines et cette langue étrangère qui se parlait à tous nos réunions de famille, ce qui m’a motivé à apprendre le français au lycée et à l’université. J’ai rencontré mon mari lors d’un trimestre à Aix en Provence et aujourd’hui, citoyenne américaine et française habitant près d’Aix depuis plus de 13, le boucle s’est refermé. J’ai aussi écrit une nouvelle sur la recherche de ces racines franco-américaines qui a été publié dans un recueil de litérature féminine.

  • Ayant lu plusieurs livres (maintenant rendus au Musée de la Gaspésie) sur le sujet de l’émigration de nombreux Québécois vers la Nouvelle-Angleterre à cette époque, notamment pour travailler et nourrir leurs familles, plusieurs de mes cousins baby-boomers de Maria dont les parents avaient immigré au Vermont, m’avaient expliqué comment leurs parents parlaient encore en français, comment leurs enfants (mes cousins) étaient généralement tous bilingues — mais que les petits-enfants ne pouvaient que parler anglais avec leurs parents et grands-parents.

    Ce phénomène s’est produit en moins d’un siècle.

  • Cet article semble effectivement avoir touché plusieurs cordes sensibles. Ce matin, il figurait au top du palmarès des articles du New York Times le plus signalé par courrier électronique. Au moment où j’écris ces lignes, il est encore au quatrième rang.

    Il est beau de constater que les gens restent attachés à leurs ancêtres.

  • Je ne suis pas expert, mais j’ ai de différentes raisons que je pourrais offrir. Et maintenant, je vais en écrire sur mon blog pendant la prochaine semaine.

    Pour moi, au niveau personnel, il y a l’histoire de mon mari, ainsi que la mienne. Mon père est venu de Pologne. À son avis, la Pologne n’a rien fait pour lui, pourquoi allait-il exiger que sa fille parle polonais? La lutte de sa famille pendant la deuxième guerre mondiale était si affreuse et ils ont presque tous morts, tués par les Nazis. Je pense que des gens se sentent que nier une langue, c’est la même chose que nier eux-mêmes. Nous avons des recettes de Mémé Levasseur, mais pour mon mari, il se sent qu’il aurait été mieux pour lui de savoir une autre langue.

    En général, ici aux E-U, les programmes de français se réduisent à cause d’un déclin du nombre d’élèves qui étudient le français. (cela inclut moi-même. J’ai perdu mon poste et il n’y a que 6 sections de français l’an prochain. J’étais laquelle qui a eu moins de séniorité.)
    En fait, il y a des systèmes de scolarisation ici où on offre seulement l’espagnol dans les départements des langues étrangères . L’espagnol est la langue la plus pratique ici aux avis de la publique américaine. (Une autre histoire pour un autre temps) Autres systèmes de scolarisaton ont réçu des allocations du gouvernement fédéral pour installer des programmes en mandarin, en arabe, en farsi et d’autres langues qu’il considère des langues nécessaires et urgentes. Le français, une langue qui se parle parmi le monde autant que l’anglais, n’est pas sur la liste. La mentalité américaine concentre un peu plus sur les besoins immédiats et pas sur ceux du long terme. Le français n’est pas pratique parce que la publique ne sait rien du monde francophone. À tout le monde que je dis que le Canada est notre partenaire le plus grand en commerce, ils sont surpris de l’apprendre parce que tout le monde croit que c’est la Chine ou le Japon ou la Corée.

    Il faut que j’ajoute quelque chose ici à propos la guerre en Irak. C’est triste, mais il y a des sentiments qui existent toujours à cause de cette guerre. Dans les grandes villes et des régions des E-U où on trouve une population scolarisée et cultivée, les personnes n’ont pas de sentiments comme ça. (Je parle des villes comme Chicago, New York, L.A.) Cependant, dans ce qu’on appelle les « états rouges » et le « Middle America », des communautés ruraux, il y a une autre toute différente mentalité. Il y a des gens qui croient que Osama vit dans les champs du maïs et que les Français étaient contre nous et que les Français ne nous aiment pas. En fait, j’ai vu dimanche que le départment de la sécurité domestique ici a coupé les budgets pour Washington et New York City, mais il a donné plus d’argent aux villes comme Omaha, Nebraska et Louisville, Kentucky. Comment trouve-t-on ça?)

    Il y a beaucoup de gens ici aux E-U avec des racines françaises et québécoises. En fait, l’état de Louisane a le français comme une langue officielle. Autour de la Nouvelle-Angleterre et le Midwest, on pourrait les trouver. (Le Midwest faisait partie de la Nouvelle France pendant le 17ème et le 18ème siècles. c’est la partie que les Français ont perdu aux Anglais.) Malheureusement, quand j’ai parlé avec un collègue qui enseigne l’histoire, l’exploration française est un peu perdue maintenant dans nos cours d’histoire avec plus d’emphase sur les Anglais et les Espagnols. Mais lui, il prend le temps pour mentionner des noms très rélévants pour nous ici. (Joliet, Marquette, LaSalle.) En fait, la ville à côté de l’école où j’ai enseigné est Joliet, Illinois. ( Peut-être on pourrait reconnaître le nom grâce au film « The Blues Brothers ». )

    C’est beau de voir que les personnes voudraient rentrer à leurs propres racines. C’est comment les programmes en allemand continuent à exister ici. Cependant, j’aimerais bien voir quelque chose où les E-U commenceront à regarder en outre ses frontières, ou que le continent nord-américain efface toutes ses frontières et nous avons quelque chose d’autre comme en Europe et qu’il y aura 3 langues officielles, ou qu’on verra la fonctionnalité de la langue française comme utile ici et non seulement en Europe.

  • Wow, Margarita ! Ce dernier commentaire aurait pu faire l’objet d’un billet sur votre blogue.

    Vous faites bien ressortir toute la valeur politique de l’acquisition d’une langue. D’une part, il y a la mise en valeur de la langue officielle (ou des langues officielles), d’autre part il y a le choix des langues étrangères. Comme vous le signalez, les états frontaliers du sud (surtout) doivent composer avec une forte population hispanophone.

    Le choix de l’enseignement des langues étrangères pose un fichu problème. Le chinois, considérant sa croissance géopolitique et économique, gagne en popularité dans tous les pays occidentaux. Le farsi s’avère un besoin pressant vu la politique américaine au Moyen-Orient. Le français est une langue importante sur le plan historique et culturel. Comment déterminer laquelle sera enseignée dans les écoles ? Quant à moi, le choix devrait revenir à la communauté, et non aux bureaucrates.

  • Billet écrit! :-) Allez lire lequel du 30 juin.

    Ici, on n’est pas obligé(e) d’étudier une langue étrangère. Les langues sont des cours facultatifs. Oui, il y a des états qui l’exigent, mais c’est très peu. Les élèves qui choisissent de le faire choisissent ce qu’on veut étudier. Et beaucoup de nos élèves ne commencent que les étudier à l’école sécondaire et puis ils suivent les cours pendant 2 ans parce que beaucoup d’universités exigent ça et c’est tout, donc les retenir est un peu difficile. De plus, il y a des emplois où on doit suivre un cours d’espagnol en dépendant de l’état. Par exemple, mon amie en Califonie qui est infirmière l’a dû faire.

    Une fille m’a dit une fois qu’elle va suivre 2 ans du français et 2 ans de l’espagnol afin qu’elle serait fluente en deux langues. Elle était surprise d’apprendre qu’il faut étudier pendant un longtemps pour l’achever et qu’il faut avoir une expérience d’immersion. Cela a la fait penser. J’espère qu’elle l’étudiera pendant ses 4 ans à l’école sécondaire. On verra.



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