La facture des manuels scolaires


J’apprends, de mon directeur d’école, que le MELS ne défrayera pas tous les coûts reliés à l’achat des nouveaux manuels requis par la réforme. Empruntant la formule adoptée par les divers paliers de gouvernement, il semble que le MELS ne paierait qu’une partie de la facture des manuels, à condition que les écoles paient la différence. Considérant les coûts élevés des manuels, cela représente une lourde somme pour les écoles. Comment peut-on demander à des organismes publics de défrayer des achats de cette ampleur quand elles n’ont aucune source de revenus ? Au mieux, les écoles devront demander la charité aux parents et à la communauté ; au pire, les professeurs se passeront de manuels ou les administrateurs puiseront les sommes dans un autre compte budgétaire, sacrifiant ainsi des services essentiels.

L’incohérence de ce gouvernement ne cesse de m’étonner, lui qui semble gérer l’éducation en misant sur les miracles. Non que je prône les manuels scolaires, lesquels sont des reliques d’une époque révolue, mais on ne saurait opérer un virage de cette envergure sans outiller les enseignants. La vraie facture, celle qui ne sera jamais comptabilisée, se paiera en épuisement professionnel, en dépressions, en départs de la profession, en mauvaise presse et, plus loin en aval, en déficiences d’apprentissage, en décrochage scolaire et en missions éducatives avortées.


Par ricochet :

L’anachronisme du matériel pédagogique

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Nouveau modèle de matériel didactique

L’incohérence du MELS dans l’achat du matériel didactique

Manuels en ligne gratuits


De l’argent pour des manuels scolaires (L’Infobourg)

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7 réponses

  • Luc Papineau dit :

    M. Guité, bien le bonsoir!

    Voici un des avantages à siéger au conseil d’établissement d’une école: on apprend tout assez rapidement. Le sujet dont vous traitez dans votre billet m’est venu aux oreilles il y a un an ou deux, je crois. Il n’a ému personne autour de la table: Résumons la discussion ainsi: «Le ministre a dit que chaque élève doit avoir son manuel. Il faut acheter des manuels, achetons-les!

    Concernant les fameux manuels maintenant, à moins que je ne me trompe, ceux-ci doivent être payés à part égale par votre école, votre commission scolaire et le ministère. Votre école doit donc prévoir un poste budgétaire pour payer le tier du coût des manuels liés à la réforme.

    Là ou l’on tombe dans le plus croustillant, d’après un cadre du milieu scolaire que je ne peux nommer,c’est que les éditeurs scolaires auraient obtenu l’assurance que les subventions du ministère et des CS pour l’achat de manuels doivent être dépensées avant une échéance précise, sinon quoi elles seront retirées. Donc, pour un directeur à l’esprit comptable, une école se prive de sous si elle n’achète pas ou si elle n’achète pas rapidement.

    Cette garantie aurait été demandée par les éditeurs pour s’assurer de l’amortissement des coûts de production des manuels. En effet, lors de la réforme du programme de français, les profs n’auraient pas été des gros acheteurs, au grand déplaisir des maisons d’édition. L’information semble crédible, mais reste à vérifier.

  • Bonsoir François,

    Après vérification des règles budgétaires des CS, c’est en effet le cas. J’ai également vérifié les règles budgétaires de l’année dernière, c’était déjà le cas. Par ailleurs, c’est le même type de formule qui est utilisé pour le financement d’acquisition de livres pour la bibliothèque scolaire. Ce serait peut-être une bonne idée de contacter le MELS et de lui demander ce qui justifie une telle formule de financement.

    Pour M. Papineau,

    « Le ministre a dit que chaque élève doit avoir son manuel. Il faut acheter des manuels, achetons-les! »

    Si ma mémoire est bonne, c’est le ministre Simard, sous le dernier gouvernement péquiste, qui avait lancé cette formule « un élève, un manuel».

    « Concernant les fameux manuels maintenant, à moins que je ne me trompe, ceux-ci doivent être payés à part égale par votre école, votre commission scolaire et le ministère. Votre école doit donc prévoir un poste budgétaire pour payer le tier du coût des manuels liés à la réforme.»
    Je n’ai rien vu de tel dans les règles budgétaires des CS. Il s’agit de la mesure 50650 dont le texte est le suivant :
    « ACQUISITION DE MANUELS SCOLAIRES (Mesure 50650)

    Description

    Cette mesure vise à financer en partie les coûts d’acquisition de manuels scolaires, des guides pédagogiques ainsi que des ouvrages de référence approuvés par le Ministère devant être modifiés à la suite de la réforme du curriculum.

    Normes d’allocation

    L’allocation correspond au produit de $45 par le nombre d’élèves de l’enseignement secondaire inscrits et reconnus aux fins de financement au 30 septembre 2005. À cette allocation s’ajoute une participation de la commission scolaire de $59 par élève de l’enseignement secondaire.

    À l’analyse des rapports financiers de la commission scolaire, le Ministère pourra procéder aux contrôles qu’il jugera nécessaires relativement aux dépenses engagées pour cette allocation. Pour les commissions scolaires francophones, l’analyse globale des dépenses relatives à la 1re année de l’enseignement secondaire portera sur les achats effectués entre le 1er juillet 2000 et le 30 juin 2007. Cette période s’étend au 30 juin 2008 pour la 2e année du secondaire et au 30 juin 2009 pour la 3e année du secondaire. Pour les commissions scolaires anglophones, les achats de manuels scolaires devront être faits au plus tard deux ans après leurs disponibilités. »

    Projet de règles budgétaires pour l’année scolaire 2006 – 2007

    Si on demande à votre école de financer le tiers à même son budget de fonctionnement, je ferais l’hypothèse qu’il s’agit là d’une mesure liée aux règles budgétaires de votre commission scolaire et dont elle a le secret.

  • Que de précisions ! La communauté ne cessera jamais de m’émerveiller.

    Après tout ce qui a été écrit sur les blogues, j’ajouterai cette réflexion que je n’ai pas souvenance d’avoir déjà lue : l’écriture carnetière est un puissant antidote à la fatuité, car on a tôt fait d’y apprendre l’humilité.

  • Évidemment l’idéal serait de ne plus utiliser de manuel et de créer notre propre matériel, ce qui diminuerait les coûts pour les CS, les écoles et les parents. Cependant, créer son propre matériel nécessite énormément de temps et d’énergie, le premier étant très rare et le second exigé ailleurs dans la profession.

    Mais ne pourrait-on pas utiliser les 1,8 M$ que le gouvernement se permet d’aller puiser dans les coffres des CS pour payer une plus grande partie des manuels plutôt que de refiler une partie de la facture aux écoles, ou encore aus parents, afin de payer quelque chose qui est «essentiel» selon les critères du MELS?

  • La seule cohérence que je vois dans ces décisions de notre gouvernement est à l’effet qu’il est prêt à tout pour sabrer les dépenses en éducation. L’odieux de cette politique est, qu’en détroussant les écoles, il vole les enfants. Ésope disait que l’on pend les petits voleurs, mais qu’on nomme les grands au gouvernement.

  • Pour que les enseignants fabriquent la totalité de leur matériel:

    1- Il faudrait revoir l’organisation de la tâche pour intégrer cette nouvelle obligation, cela entrainerait des coûts supplémentaires. Du moins on peut raisonnablement le penser.

    2- Il faudrait tout de même éditer ce matériel pour que les élèves y aient accès, vous ne croyez pas? Nouveaux coûts.

  • Il serait irréaliste de demander à tous les enseignants de fabriquer la totalité de leur matériel, pour des raisons de temps, surtout, mais aussi de motivation, et parfois de capacité. Cependant, il me semble que la politique d’acquisition de manuels scolaires devrait être assez souple pour donner à ceux qui désirent concevoir leur propre matériel une équivalence de ressources pour ce faire.

    Le Web, par exemple, regorge de ressources éducatives qu’un enseignant peut exploiter. Par ailleurs, tous les enseignants produisent, à un moment ou à un autre, du matériel personnalisé. Si on pouvait développer chez les enseignants une culture de réseautage et partage socionomique, il y aurait plus de matériel didactique accessible que tout ce que les éditeurs scolaires réunis peuvent produire.

    La question de l’accès au matériel est effectivement un problème pour ceux qui n’ont pas d’ordinateur branché à Internet. Pour ceux-là, la photocopie peut s’avérer plus coûteuse que l’achat d’un manuel. Mais je ne crois pas que la différence soit si grande qu’il faille priver le professeur des outils qu’il juge plus appropriés.



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