La musique et le multitasking


Doit-on laisser les élèves s’isoler dans une bulle musicale pour travailler ? Tous les jeunes traînent dans leur poche ou dans leur sac un lecteur CD ou MP3. Si j’en retire moi-même un avantage, pourquoi l’interdire aux élèves ? Quand ils s’affairent à leur portfolio d’apprentissage, je permets aux élèves d’être branchés sur leur lecteur MP3. Trop de jeunes m’assurent qu’ils sont plus productifs quand ils écoutent de la musique pour que je m’y oppose. Il s’agit d’une concession que je fais volontiers au contrat que nous passons en début d’année. Puisqu’ils s’activent à des tâches diverses, dans un environnement scolaire mal adapté à l’individuation des apprentissages, les élèves qui travaillent par eux-mêmes ressentent le besoin de s’isoler d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce que pour se soustraire au tohu-bohu.

Mon dilemme tient au fait que le multitasking nuit à la concentration. Mais voilà qu’une étude (PDF) révèle la faible propension de la musique à distraire la pensée quand cette musique est familière (Eide Neurolearning Blog : The Multitasking or Music-Tasking Generation?). Selon une autre étude (PDF), la musique peut servir de stimulant pour de nouvelles associations d’idées, la pensée intuitive, et même le langage. Il se trouve que la musique ne monopolise pas l’attention au même titre que les autres tâches courantes.

Ainsi donc, les élèves avaient raison. Peut-être devrions-nous les écouter plus souvent.


Par ricochet :

Cerveau multifonctionnel

Multitasking, mémoire et déficit d’attention

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.

9 réponses

  • Le multitasking n’est pas quelque chose nouvelle. Ceci existe depuis au moins de 34 ans parce que je suis la reine de multitasking ;-) Pendant toute ma jeunesse, j’ai travaillé avec la musique (Metallica, U2, etc.) ou la télé. (oui, pas le meilleur scenario.) Mais d’un point de vue objectif, mes pensées sont qu’il est bon de jouer de la musique quand les élèves travaillent en classe. Comme prof de FLE, quand ils font des activités, j’utilise la musique dans d’autres façons hors d’activités écoutes. La musique me donne l’habilité de contôler le temps qu’on passe sur une activité. Je peux dire qu’il faut faire cette activité pendant 10 minutes ou quand ils entendent 3 chansons. De plus, la musique m’aide avec la discipline en classe. « Oui, on peut parler, mais si je ne peux pas écouter, vous êtes trop forts, donc il faut plus doucement parler. » Et une autre façon est avec le fait que les élèves n’ont pas trop d’occasion d’interagir avec la langue en dehors de l’école donc jouer de la musique francophone les aide et ils peuvent l’entendre. Comme résultat, j’ai des élèves qui cherchent ce qu’on écoute sur Internet ou ils me demandent pour un CD de musique. (j’en offre à la fin d’année scolaire.)

  • Oui mais cela remet en question le mythe du prof « full en contrôle  » de sa classe. Il y en a qui n’aimeront pas….

    Je me demande même si l’utilisation du baladeur en est pas carrément bannie dans plusieurs écoles, il faudrait vérifier.

  • En tant qu’étudiant universitaire, j’adorerais aussi pouvoir faire mes examens par exemple (je sais bien qu’il y a risque de triche !), j’étudie toujours avec la musique, donc je suis sur que je rappelerais encore mieux la matière, puisqu’elle serait encodé avec la musique et rappeler avec elle aussi !

  • L’utilisation que fait Margarita de la musique dans sa classe est très intéressante. Je crois effectivement que la musique peut avoir un effet bénéfique sur le comportement des élèves et réduire les cas d’indiscipline. On dit que la musique adoucit les moeurs. Il faudra que j’expérimente cela avec mes élèves.

    Par ailleurs, j’aime bien l’expression d’Éric du « prof “full contrôle” ». Je ne peux pas m’empêcher de faire une association avec le prof qui a toujours le pied sur le frein. Je ne serais pas étonné que les baladeurs soient interdits dans certaines écoles. Cependant, je crois qu’un enseignant qui peut justifier son usage dans la classe ne devrait pas avoir trop de difficulté à obtenir une dérogation (quoiqu’il ne faut jamais sous-estimer l’étroitesse de certains esprits).

    Enfin, je sympathise avec Ben. Il appert qu’il est aux prises avec des examens d’université qui font appel à la mémorisation des connaissances. La démarche et la méthode ne comptent pour rien.

  • Merci François. Il faut que j’explique aussi qu’ici aux États- Unis avec les examens standardisés que nos élèves doivent passer pendant une certaine période du temps (comme 35 minutes pour faire une section de lecture, etc.) des activités de grammaire (qui sont barbantes) à faire pendant une période du temps est une méthode pour les préparer. Mes élèves ont 14 -15 ans. (ce qu’on appelle « Freshmen » ici dans les écoles sécondaires) Quand ils sont « Juniors », ils doivent passer l’examen de mon état, le Prairie State Achivement Exam, pour diplomer de l’école secondaire. Cet examen se passe pendant 2 jours, et les résultats affectent notre école comme la loi No Child Left Behind exige. Mais NCLB, c’est une autre histoire! Il faut voir ce que j’ai écrit sur mon blog à propos ce sujet. (Merci M. Bush–il faut remarquer ce que je ne dis pas entre M. et Bush) ;-)

  • En langage tech, le cerveau est duo-core (hémisphères gauche et droit) et quadri-processeurs (moelle, reptilien, limbique et cortex)… mais il n’est pas fait pour le multitasking! Il est plutôt conçu pour traiter des fonctions en arrière plan (fonctions vitale, veille…) tandis qu’il se concentre sur une tâche consciente qu’il traite sous plusieurs angles simultanément (ce qui permet par exemple de mieux mémoriser une information qui apparaît à la fois sous forme auditive et graphique).

    Donc la musique de fond, si elle ne déclenche pas une attention consciente, ne doit pas trop perturber une tâche d’apprentissage. Par contre, ce qui tue l’efficacité, c’est de vouloir traiter plusieurs tâches conscientes en même temps, ou de passer de l’une à l’autre sans cesse.

    Cependant, notre monde moderne avec toutes ses sollicitations nous pousse de plus en plus au multitasking. Une façon d’en limiter l’impact, c’est d’utiliser des méthodes d’organisation personnelle comme GTD: les tâches sont découpées en actions élémentaires sur lesquelles on se concentre, une à la fois, quand on est dans le bon contexte.

    Je développe ce point dans « GTD contre Multitasking »
    http://web.mac.com/ericlodi/iWeb/Orgameth/

    Il y a aussi des explications sur la méthode GTD et des explications et exemples pour la mettre en place… en mobilisant, pour le coup, les deux hémisphères cérébraux: « GTD sur Mind Map »

    Bon GTD et attention au multitasking!

  • Je partage votre scepticisme à l’endroit du multitasking. C’est certainement fondé pour ceux qui, comme moi, ne sont pas des natifs des nouvelles technologies. En ce sens, je suis un fan de GTD (Getting Things Done). Dans le cas des jeunes, toutefois, il faut se demander dans quelle mesure la plasticité neuronale ne leur permet pas de mieux composer avec le multitasking. La CBC a d’ailleurs publié un article intéressant à ce sujet : Are cellphones and the internet rewiring our brains.

  • J’ai capté cette niouze via digg.com, en français par dessus le marché! Comme quoi, on peut en apprendre sur nous en passant par l’extérieur.

    Au début, de l’atelier d’insertion J’Internaute la communauté, les jeunes participants voulaient écouter de la musique en ligne ou via youtube. Je leur ai demandé s’ils étaient prêts à payer pour le compte supplémentaire que la bande passante engendrerait? Ils ont refusé qu’on prenne une partie de leur salaire pour quelque chose considérée comme gratuit. Genre! Je leur ai laissé le mp3 comme solution de rechange. Comment aurais-pu leur dire non? Je suis un multitasking depuis l’aurore de ma vie. Je travailles, je lis, je dors avec de la musique. Dépendance? M’en fous. Cela me fait du bien et les jeunes adorent webéditer des articles pour Québecjeunes.com en écoutant Sans Pression, Cobna ou l’Assemblée. Et ils performent plutôt bien. Allez voir leurs articles sur http://www.quebecjeunes.com. Tout cela a été réalisé sous le rythme d’une toune de rap ou de rock.

  • Bonjour,
    Je ne pense pas qu’on puisse parler de multitask en ce qui concerne l’écoute de la musique, car il n’y a en effet aucune « réflexion ».
    Ecouter de la musique, ca n’est que ressentir des sentiments, comme on pourrait le faire avec l’odorat en travaillant dans la foret.
    De plus, il est bien connu que la mémoire fonctionne à l’affectif. Il est donc fort probable, que l’écoute de la musique favorise l’assimilation en nous mettant dans un état plus réceptif car plus sensible.
    Maintenant il y a juste un bémol:
    certaines personnes « calculent » la musique lorsqu’ils l’écoutent. Ceux-la sont donc incapable de n’être que de simples récepteurs sensoriels, car l’écoute meme de la musique est pour eux, une « task ».



Laisser un commentaire à Margarita Levasseur

*