Reportage sur les services aux élèves en difficulté


Drôle d’appellation que celle des élèves en difficulté. Car je croyais que c’était le propre de l’apprentissage que de surmonter les difficultés. Quel élève n’éprouve pas des difficultés dans son parcours scolaire, et quel professionnel ne compose pas quotidiennement avec des difficultés ? Bon… j’ironise, car il existe effectivement des élèves qui éprouvent de sérieuses difficultés d’apprentissage à un moment ou un autre. Néanmoins, les normes ont une façon lapidaire de catégoriser les élèves. Au Québec, 6 % des élèves en difficulté sont affectés à une école spéciale, 30 % fréquentent une classe spéciale dans une école de quartier et 64 % sont intégrés dans les classes (La Presse : Services aux élèves en difficulté : Un système coûteux et très peu efficace).

Après avoir épluché le Rapport d’évaluation sur l’organisation des services offerts aux EHDAA, réalisé par sept chercheurs de l’UQAM pour le compte du ministère de l’Éducation et obtenu grâce à la Loi sur l’accès à l’information, Marie Allard signe une série de quatre articles sur les services aux élèves en difficulté.

Un système coûteux et très peu efficace

« Le nombre d’élèves en difficulté ou handicapés a grimpé de 7,2 % en un an dans les écoles du Québec, pour dépasser 160000 en 2003-2004. C’est près de 15 % du total… Au même moment, le nombre d’enfants scolarisés a pourtant baissé de 8000 en raison de la dénatalité. »

« Beaucoup d’argent -un milliard de dollars par an- est versé pour aider ces élèves en difficulté. Or, les services offerts sont «peu efficaces», selon une évaluation inédite produite pour le ministère de l’Éducation. »

« Malgré les milliards dépensés pour cette clientèle depuis 25 ans, le Ministère, les commissions scolaires et les écoles ne savent toujours pas dans quelle mesure leurs actions sont efficaces. »

« Un grand nombre de parents et d’intervenants «ont signalé le manque de services disponibles, la difficulté à y avoir accès, l’obligation de revendiquer pour obtenir les services, les délais indus entre la reconnaissance du besoin et les services, la diminution des services au fil de la scolarité», énumèrent les chercheurs. «Quand vous desservez de 20 à 25 écoles, le service est dilué», constate un intervenant. »

« Les services sont donc principalement donnés par les enseignants. Or, seuls 17,4 % des enseignants qui travaillent avec les EHDAA ont une formation de base appropriée. »

Le quart des parents doivent «se battre» pour avoir des services

« Le quart des parents d’élèves handicapés ou en difficulté ont l’impression qu’il faut « se battre » ou « faire pression » pour avoir les services requis, selon un rapport remis au ministère de l’Éducation en 2004. Une fois obtenus, ces services sont toutefois jugés excellents. Seules la pénurie de certains spécialistes- notamment les orthophonistes- et l’insuffisance des interventions individuelles sont déplorées. Vingt pour cent des parents paient- très cher- des services privés pour pallier ce manque. »

Services aux élèves en difficulté: où va l’argent?

« Le ministère de l’Éducation verse plus d’un milliard par an aux commissions scolaires pour financer la totalité des services offerts aux élèves en difficulté. Nul ne sait avec certitude où va cet argent. Ni le vérificateur général, qui a établi que les dépenses étaient faites « principalement pour les élèves en difficulté » en juin 2004. Ni… le Ministère lui-même. »

Services aux élèves en difficulté: Québec a promis 100 millions de plus

« L’argent n’est pas la panacée. « Je vais me faire lancer des briques, avertit Lise Bastien, psychopédagogue et présidente de l’Association québécoise des troubles d’apprentissage (AQETA). Je pense que oui, il pourrait y avoir un peu plus d’argent, mais ça pourrait également être suffisant. À la condition qu’il y ait une réorganisation des services offerts à l’intérieur des commissions scolaires.» »

« Mme Bastien y proposera sa solution: une concertation accrue entre les familles, les écoles et le milieu communautaire. [...] À la commission scolaire des Hautes-Rivières, en Estrie, ce modèle fonctionne. »

Je ne crois pas que l’injection de 100 millions $ dans un modèle jugé peu peu efficace améliore la situation. Je suis plutôt de l’avis de Mme Bastien qui propose un modèle reposant sur la concertation entre la famille, l’école et la communauté. Le concours des parents, actuellement, n’est pas assez mis à contribution. Généralement, ce sont eux qui ont le plus à coeur la réussite de leurs enfants. Ils sont prêts à tout faire pour aider leurs enfants à remonter la pente. Malheureusement, ils sont souvent démunis. L’aide aux parents, dans ce contexte, est cruciale.

L’aide aux élèves en difficulté constitue d’ailleurs l’un des principaux avantages mentionnés par les administrateurs qui bénéficient d’une grande autonomie dans la gestion des budgets scolaires, notamment dans le fameux modèle finlandais.


Par ricochet :

Écoles communautaires

Des écoles communautaires pour le Québec ?

La décentralisation des écoles (sans commission scolaire)

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