Le point sur les enquêtes internationales en éducation


On ne s’étonnera pas que la mondialisation entraîne des comparaisons internationales. Le milieu de l’éducation n’y échappe pas, notamment avec les enquêtes PISA, TIMSS (mathématiques) et PIRLS (lecture). Afin de faire le point sur toutes ces données, la Commission européenne a commandé une étude (PDF) dont trois recommandations sont particulièrement intéressantes (source : Le Café Pédagogique).



1. Abandonner l’élitisme, l’orientation précoce et l’école privée.

    Les pays qui ont le moins d’écart entre établissement sont ceux qui ont les meilleurs résultats pour tous. Les enquêtes semblent donc recommander l’abandon des filières d’élite et de l’orientation précoce. Le développement de l’école privée ne semble pas être une solution : ces établissements ont des résultats identiques aux écoles publiques à condition sociale égale. Le Café Pédagogique

Avec son vaste réseau d’écoles privées et de programmes parallèles, dont le Programme d’éducation internationale, qui sont souvent une forme gratuite et déguisée de sélection des élèves les plus forts, cela touche le Québec en plein coeur. Il y a ici un fameux dilemme entre la primauté des droits de l’individu (liberté de choix) et du bien collectif (politiques d’optimisation sociale). C’est un débat déjà entamé et qu’on a abandonné, semble-t-il, de guerre lasse. Néanmoins, cette étude donne raison aux opposants à l’école privée et aux programmes élitistes.


2. Rendre les écoles autonomes.

    Le modèle d’établissement recommandé par J. H. Haar c’est l’établissement autonome : il voit une corrélation entre l’autonomie et les résultats scolaires. Le Café Pédagogique

Ici encore, le modèle québécois est en faute. À mon avis, la centralisation du pouvoir éducationnel est la plus grande source de problèmes qui affecte nos écoles. J’ai déjà proposé l’abolition des commissions scolaires. Pour sa part, le MELS a déjà avancé l’idée d’une école communautaire, mais le projet semble avoir été rangé dans un tiroir. La centralisation est tout aussi responsable de la perte d’autonomie professionnelle des enseignants que ne l’a été la syndicalisation.

Le gouvernement ferait d’une pierre deux coups en fusionnant ces deux premières recommandations. Je suis d’avis qu’il devrait intégrer les écoles privées au réseau des écoles publiques, tout en accordant à toutes les écoles une plus grande autonomie de gestion. Le réseau des écoles privées a acquis une solide expertise sur le plan de l’autonomie de gestion, expertise dont elle pourrait faire bénéficier les écoles publiques. Quant à la diversité, si chère à la dynamique d’un système, elle serait assurée par les initiatives locales.

Un tel changement, s’il était amorcé, serait semé d’embûches. La réforme proposée en Angleterre, qui va dans ce sens, est vertement critiquée. Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant qu’on ne puisse pas faire les choses correctement.


3. Se distancer des querelles pédagogiques.

    Les méthodes pédagogiques ne semblent pas préjuger des résultats. La méthode coopérative ou la méthode compétitive semblent sans impact sur les résultats en maths. Par contre la confiance en soi, l’atmosphère d’établissement jouent un rôle. Le Café Pédagogique

Un baume, naturellement, pour ceux qui, comme moi, trouvent que la polémique entre les adeptes de la réforme et les tenants de l’enseignement explicite a déjà trop fait couler d’encre. Cependant, il faut féliciter le MELS d’avoir assoupli (PDF) sa position sur les méthodes pédagogiques, comme l’a rapporté André.


En faisant le bilan des trois recommandations ci-dessus, on décernera au MELS une note de 1/3. Il y a donc encore du pain sur la planche.


Par ricochet :

Rapport PISA sur les systèmes d’éducation

Des écoles publiques à deux vitesses

Des écoles communautaires pour le Québec ?

La caducité des commissions scolaires

L’image professionnelle des enseignants


Ce qui définit le changement (École et société)

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2 réponses

  • Je me permets de souligner que le MELS n’a pas nécessairement « assoupli » sa position, mais plutôt la façon de l’énoncer. Il était assez limpide dans les documents officiels du MELS que les enseignants étaient les professionnels qui devaient bâtir des situations d’apprentissages de leur choix en tenant compte du développement de compétences.

    D’ailleurs je prépare un long papier depuis trop longtemps concernant l’arrimage des méthodes pédagogiques en lien avec le « renouveau ».

    Ton texte d’aujoud’hui (et celui d’André)me motive à compléter le mien…(oh je ne suis pas un expert…seulement mes observations)

  • La précision de Sébastien est très juste. Je n’aurais pas dû faire de comparaison avec les premiers discours de changement de paradigme, antérieurs au texte final du Nouveau programme de formation.

    Ce qui m’inquiète, par ailleurs, c’est que cet assouplissement dans l’énoncé n’a pas été claironné très haut ni très fort. À ce que je sache, très peu d’enseignants en sont informés. N’eut été de l’intervention d’André, moi aussi je serais resté dans le noir. Pourtant, je crois être un enseignant bien informé sur le plan professionnel.

    Il appert que le MELS a un sérieux problème de communication. Pas très étonnant quand on sait qu’elle ne communique pas directement avec ses enseignants. C’est là, à mon avis, un autre problème qui découle d’une centralisation excessive. Cela ne fait que renforcer la deuxième recommandation ci-dessus.



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