Jour du Souvenir (et d'ignominie)


En ce Jour du Souvenir, je me suis fait un plaisir de rendre visite à mon père, un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale qui, après s’être enrôlé en mentant sur son âge, a servi durant trois ans sur le HMCS Restigouche. C’est un homme fier d’avoir combattu pour son pays et pour une cause assurément noble. La commémoration de ce sacrifice le touche, et ce n’est pas sans une larme qu’il reçoit ma gratitude. Je me considère choyé par l’histoire d’avoir vécu un demi-siècle à l’abri des horreurs de la guerre.

Une blessure qu’il a subie au combat dégénère depuis plus de 40 ans. Abandonné par le ministère des Anciens Combattants qui fait traîner ses requêtes, il se sent trahi. Aujourd’hui, à 80 ans, il n’a plus la force de lutter contre l’immobilisme et l’indifférence de l’appareil gouvernemental. Lui, pourtant si courageux et déterminé, ne peut rien contre ce sable mouvant qui inexorablement vous enlise. Les fonctionnaires auront réussi là où l’ennemi a échoué. Il a encore deux fils pour le soutenir, bien sûr, mais le coup au coeur saigne amèrement.

Aujourd’hui, mon père a le cruel pressentiment que le ministère des Anciens Combattants laisse délibérément languir son dossier dans l’espoir qu’il meure. Or, ce n’est pas sans amertume, moi aussi, que je vois les cérémonies impeccables diffusées à l’écran et les beaux discours. Si je ne m’abuse, le fait pour un gouvernement de cacher une sombre réalité sous le couvert de l’illusion, ça s’appelle de la propagande. Qu’un pays comme le Canada s’y abaisse, cela me désole profondément. Mais heureusement, mon père et moi avons encore l’un l’autre pour nous aimer.

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