Associer éducation et industrie


Le temps est venu, je crois, de repenser la sacro-sainte séparation de l’éducation et de l’industrie. Je ne fais pas allusion au vil marketing des compagnies qui cherchent à s’immiscer dans les écoles, comme ce fut le cas avec les fameux contrats d’exclusivité de Coca-Cola ou de Pepsi. De cela, il faudra toujours se garder. Je pense plutôt à la formation professionnelle et universitaire, lesquelles bénéficieraient d’une plus grande coopération avec l’industrie et les gouvernements. Toutes les parties gagneraient à travailler de concert, et surtout les étudiants.

À ceux qui objecteront que certains industriels chercheront à profiter de ce partenariat, on rétorquera qu’ils seront minoritaires face aux contrôles des gouvernements, des institutions scolaires, et des intérêts des étudiants. De toute façon, le système actuel, malgré un semblant de pureté, n’est pas sans lacunes.

Au moment où l’éducation se tourne vers les compétences et les savoir-faire, il est logique d’assurer une meilleure coordination avec les milieux de travail. L’Angleterre vient d’ailleurs de prendre un virage en ce sens (BBC : Industry gets its own academies). Plus près de chez nous, Ubisoft annonçait récemment son association avec l’Université du Québec (communiqué) et l’Université de Montréal (communiqué) ; de plus, le Campus Ubisoft fait part d’un partenariat avec l’Université de Sherbrooke.

Il existe certainement d’autres partenariats qui réunissent la formation professionnelle et l’industrie, mais qu’on n’a pas claironnés sur les toits de peur d’éveiller les soupçons. En encourageant plutôt ce genre d’initiative, on fera en sorte de les rendre publiques. Ainsi, elles seront soumises au même regard scrutateur, dont celui des médias, que les autres agents sociaux.


Par ricochet :

Sortir les salles de classe des écoles

Compétences du XXIe siècle

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2 réponses

  • Un des problèmes que je vois avec ça, et c’est déjà commencé depuis un certain temps, c’est la transformation de l’université en école de métier. Je ne dis pas que l’université doit être isolée du monde réel, mais que sa mission est la formation de l’humain et non simplement du travailleur. Les industries sont déjà passablement présentes dans certains domaines, comme la pharmacologie. D’ailleurs, le beau-frère d’un de mes amis, docteur en pharmaco, était surpris d’apprendre que les mémoires et thèses dans d’autres domaines (en l’occurrence, linguistique et mathématique) n’avaient pas à inclure de détails sur la mise en marché ou l’impact sur l’industrie. Ce qu’on lui avait enseigné, c’est de voir ses études comme une étape vers une job.

    On objectera qu’une bonne partie des formations à l’université sont déjà fortement axées sur le marché du travail. Peut-être justement est-ce le temps de revoir ce qu’on entend par université. Peut-être aussi qu’il faut que les écoles de métiers ne soient plus perçues quelque peu négativement, comme quelque chose de moins bon que l’université.

    Pour ce qui est du contrôle encadré de l’industrie, j’attirerais l’attention sur l’histoire de David Healy.

  • François Guité dit :

    Je partage absolument l’opinion que l’université doive se faire la gardienne de la condition humaine et des idéaux universels. Mais n’est-ce pas aussi le devoir de tous les êtres bien pensants ? Non pas que tu prétendes le contraire, Marc André. Cependant, je crois que nos sociétés ont trop tendance à refiler aux philosophes et aux autres mandataires du haut savoir la garde des valeurs essentielles.

    À mon avis, c’est une erreur que d’abandonner ces préoccupations cardinales à ce que plusieurs considèrent comme les hautes sphères du savoir. Elles doivent être assimilées dans les pratiques, objectivées dans le quotidien, mutées en savoir-faire. Je crois que c’est par l’intégration que nous donnons un sens à l’humanisme. Les principes défendus par l’université ont plus de chances d’être actualisés s’ils sont appliqués et transmis à l’aide de partenariats avec tous les domaines de l’activité sociale. Le clivage de la théorie et de la pratique est un paradigme dangereux qui mène trop souvent à l’incompétence des uns et à l’ignorance des autres.

    J’aime bien le rapprochement que tu fais de l’humain et du travail, car les deux sont indissociables. Unis, ils trouvent leur noblesse ; désunis, ils sont abêtis.



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