Les rebondissements d'un billet


Si je m’attendais à cela ! J’ai reçu aujourd’hui deux appels de journalistes de Montréal pour participer à des émissions radiophoniques relativement aux reportages du Journal de Montréal (fameux site Web !) sur le gaspillage dans les dépenses des commissions scolaires. Il semble que cela fasse beaucoup jaser, assez du moins pour que CKAC et CFOM s’intéressent à un billet que j’ai écrit au mois de mars, dans lequel je suggère l’abolition des commissions scolaires.

Puisque j’étaits en classe, l’équipe de CKAC n’a pas réussi à me joindre assez tôt pour l’émission concernée. Quant à l’autre invitation, j’ai préféré décliner après avoir pris connaissance du reportage dans le Journal de Québec, sensationnaliste et superficiel comme on pouvait s’y attendre. Je n’ai aucunement l’envie de participer à une surenchère journalistique.

Au-delà de l’événement, toujours circonstanciel, c’est la dimension médiatique qui m’intéresse. Notamment, comment diable a-t-on eu vent d’un billet écrit sur un blogue obscur ? (Sans doute pas par Google, dont mes recherches n’ont rien donné.) Et comme les médias ont évolué pour qu’on accorde ainsi une certaine crédibilité à un inconnu qui écrit dans un blogue. C’est fascinant. J’ai l’impression de participer marginalement à une révolution, dans le confort de mon salon.


Par ricochet :

La caducité des commissions scolaires

La solution à 65 %

Des écoles communautaires pour le Québec ?

Des écoles publiques à deux vitesses

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6 réponses

  • « Et comme les médias ont évolué pour qu’on accorde ainsi une certaine crédibilité à un inconnu qui écrit dans un blogue. »

    François, ne fait pas preuve de fausse modestie… tu sais bien que ta manière d’aborder les sujets, le soin que tu mets à étayer tes points de vue et ta constance à publier et répondre aux commentaires de tes lecteurs te procure une évidente crédibilité.

    Et si tu savais le nombre de personnes qui me parlent de toi…

  • Justement, Clément, je ne sais pas. Comment le saurais-je, dans les limites d’une école ? Et puis, l’humilité est une qualité que je juge nécessaire à l’objectivité. C’est pourquoi je ne m’intéresse pas aux statistiques de fréquentation de mon blogue. C’est aussi pourquoi toute ma vie j’ai refusé les rares prix qu’on me décernait. Il semble que la modestie est une autre vertu emportée par le courant technologique pour qu’on porte ainsi une accusation de « fausse modestie ». (Je sais bien que ce n’est pas ainsi que tu l’entends, mais je me fais un devoir de lutter contre le caractère déshumanisant des technologies. Non pas que ce soit ton cas, bien sûr ; on ne pourra jamais t’accuser de manquer d’humanité. C’est évident à la générosité de tes bons mots.)

    La seule indication que j’aie de la fréquentation réside dans la maigre (mais combien précieuse) amicale de blogueurs qui me gratifient de commentaires. Pour le reste, je n’en sais trop rien. Je ne fréquente pas les milieux technophiles. Je ne suis qu’un enseignant, accablé par le quotidien de sa tâche. Tu n’as certainement pas oublié tout ce que cela représente :-)

    Amicalement,

    François

  • Je vais partager ma réflexion sur pourquoi « tu ne devais pas être étonné ».

    Pour connaître un bloc « obscure », il faut avoir passer assez de temps dans la blogosphère pour
    (1) comprendre le phénomène des blogues,
    (2) avoir du temps à y consacrer,
    (3) suivre ensuite des fils de blogroll et tomber sur ton blogue

    Pour apprécier ton blogue, il faut (a) du temps de lecture pour valider sa pertinence et
    (b) avoir la capacité de comprendre la valeur qu’elle contient.

    Les points 1 à 3 me semblent plus long que les points a et b.

    Mon hypothèse: les recherchistes sont souvent des personnes jeunes et nouvellement embauchées.

    Internet ne leur fait pas peur et ils ont eu (et ont) le temps pour comprendre et trouver des blogues sur Internet.(points 1 à 3).

    Le taux de roullement dans ces postes de recherchistes a fait introduire une classe de jeune ouvert au blogues.

    Leur mandat exige de colliger des contacts. Un blogeur serait une figure d’autorité basée sur les points a et b.

    Quand la demande des journalistes a fusée sur le sujet, les recherchistes (soit en première instance ou en désespérance de cause) font appel au bloggeur.

    Dans ton cas, tu as aussi une crédibilité donné par ton statut de professeur.

    Donc, le bloggeur « obscure » a été dépisté, mais c’est le professeur « modeste » qui est appelé.

    Ensuite, si tu avais joué le jeux, une couche de crédibilité aurait été ajoutée : celle d’avoir été dans les médias. Ce qui aurait aurait attiré l’attention des autres médias : c’est donc l’interviewé que l’on aurait appelé ultérieurement.

    Donc, non, je ne crois pas que l’on « accorde une certaine crédibilité à un inconnu qui écrit dans un blogue ». J’abonde dans le sens de Rémolino…

  • Fameuse analyse, Martin. Ta logique me semble irréfutable. Du coup, ça me fait énormément réfléchir sur la symbiose entre médias et blogueurs.

    De la façon dont tu présentes les choses, il est évident que les médias ont un pouvoir organisationnel que les blogueurs, dans leur individualité, n’ont pas. Le pouvoir des blogueurs me semble d’une autre nature : il se situe davantage au niveau de la validation de la connaissance, conséquence du socioconstructivisme et du connectivisme (pour ne nommer que ces deux facteurs). Pour simplifier encore plus la chose, on pourrait dire que les médias ont un pouvoir de forme, très élargi, tandis que les blogueurs ont un pouvoir de fonds, plus pointu.

    Pouvoir et éthique ne font pas bon ménage. Il appert que l’invitation qui m’a été faite était une manoeuvre pour ajouter de la crédibilité (pour utliser ton mot) à des reportages médiatiques. Dans ce genre de situation, il est toujours utile d’avoir une opinion de l’intérieur. On se soucie peu du fait que l’opinion d’un individu n’a que bien peu de valeur dans l’ordre général des choses.

    La question que je dois me poser, si l’occasion se représente, est de savoir si je dois « jouer le jeu » des médias. Si c’est uniquement pour gagner de l’attention médiatique, la réponse est non. Dans l’éventualité où on a quelque chose d’intelligent ou d’original à ajouter à la discussion, il en va autrement. Mais le problème, bien sûr, est que l’orgueil nous rend bien mauvais juge de cette question.

  • Le dernier paragraphe dans le commentaire au dessus est très intéressant et me force à poser cette question :

    Un discours « intelligent ou original à ajouter à la discussion » rejoindra davantage de gens via les médias traditionnel mais son intelligence ou son originalité sera-t-il perverti ou récupéré?

    Le même discours n’aura-t-il pas plus d’impact sur le web vu que la participation à la blogosphère implique une réceptivité au message tout autre que pour les médias traditionnels (Push versus Pull)?

    Autrement dit, peut-on encore ajouter quoique ce soit d’intelligent ou d’original via les masses médias?

    La blogosphère ou Internet en général ne serait-il pas le véritable endroit où les idées peuvent s’échanger et convaincre?

  • Avec toutes les mises en garde que la généralisation impose, je crois aussi que la connectivité et l’interaction de la blogosphère font actuellement de celle-ci l’endroit de prédilection pour débattre véritablement d’un sujet. D’autant plus que c’est actuellement un média où on se soucie peu du politically correct.

    Par contre, et fort malheureusement, la blogosphère est une agora qui est peu accessible aux politiciens, étant donné que ces derniers ne peuvent pas s’y exprimer ouvertement, de peur que leurs propos ne viennent les hanter plus tard. On sait tous le malin plaisir que les médias et les adversaires politiques prennent à fouiller dans le passé des politiciens, et surtout durant les campagnes électorales. Par conséquent, les politiciens ne peuvent bloguer qu’avec beaucoup de circonspection.

    Je crois que la blogosphère souffrira toujours d’un faible rayonnement. On peut seulement espérer qu’elle réussira à s’arrimer aux grands médias. À la lumière de ce dernier argument, j’ai sans doute eu tort de refuser l’invitation des médias. J’aurais ainsi pu contribuer à consolider le mariage.



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