Société éducative


Dans un récent billet sur la responsabilisation des élèves, les réactions de Louis-Vincent d’abord, puis d’André et de Marie-Élaine, ont fait déborder la discussion sur l’équilibre entre le travail scolaire et les activités extrascolaires. La question est si intéressante que j’ai préféré la traiter dans un nouveau billet. Un constat surtout : notre société offre une telle panoplie de ressources éducatives que l’école ne doit pas constituer un obstacle. …

L’éducation n’est plus l’apanage de l’école. Elle ne l’a jamais été d’ailleurs, car toute société tend nécessairement à la transmission des conventions et du savoir pour maintenir l’ordre et le pouvoir collectif. L’école n’est que l’institutionnalisation de cet exercice. Mais dans une économie du savoir, les organismes communautaires et l’industrie ont eu tôt fait d’exploiter notre insatiabilité pour les apprentissages. Dressons une liste sommaire des ressources éducatives dont disposent les enfants et les ados à l’extérieur de l’école :

    • loisirs municipaux

    • sports organisés

    • bibliothèques multimédias

    • livres jeunesse

    • magazines

    • jouets éducatifs

    • jeux de société

    • jeux de construction

    • jeux vidéo

    • Internet

    • canaux de télévision spécialisés

    • voyages.

Certains de ces moyens n’existaient pas il y a 40 ans, lors de la rédaction du Rapport Parent. Quant aux autres, ils sont méconnaissables. Non seulement aujourd’hui les occasions d’apprendre sont-elles plus nombreuses et le choix extrêmement vaste, mais la qualité des services et des produits ne cesse de s’améliorer : les loisirs municipaux, par exemple, emploient des techniciens et des animateurs mieux formés, tandis que les producteurs de matériel éducatif font appel à des psychologues et des éducateurs. La beauté de la chose, c’est que parents et enfants sont tout à fait libres de leurs choix. On ne saurait en dire autant de l’école.

Naturellement, je suis d’accord avec Louis-Vincent, André et Marie-Élaine qui réclament le respect de l’emploi du temps des jeunes quand ils ne sont plus à l’école. Il peut être utile, à l’occasion, de donner du travail pour une raison précise. Mais il ne s’agit pas d’en faire une manie. Je ne connais pas beaucoup d’adultes qui accepteraient de faire du travail supplémentaire à la maison tous les soirs. Les jeunes, en général, débordent d’énergie. Si c’est pour la gâcher à faire des exercices bébêtes, alors l’école nuit à l’apprentissage.

On a beaucoup parlé, cette année, du système d’éducation de la Finlande, que plusieurs considèrent comme le meilleur au monde. L’une des caractéristiques étonnantes du système finlandais est le fait que les élèves y passent moins de temps à l’école que ceux des autres pays industrialisés.

Il y a toutefois un hic avec les ressources extrascolaires : leur accessibilité varie en fonction du niveau socio-économique. C’est un problème de taille que je n’ai pas la prétention de résoudre. Mais en quelque sorte, cela nous ramène à la différenciation des apprentissages. Il est absurde de priver les nantis des ressources dont ils disposent. En contrepartie, on peut certainement, comme société, en favoriser l’accès aux enfants démunis.


Par ricochet :

À bas les devoirs

Poursuite pour excès de devoirs

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