Le point sur la motivation intrinsèque


Les théoriciens de la motivation scolaire vantent les vertus de la motivation intrinsèque (récompense interne) par opposition à une motivation extrinsèque (récompense externe). Mais tout enseignant sait que les choses ne sont pas aussi simples que cela. Des études laissent entendre que la motivation extrinsèque réussit très bien dans certains cas. Alors, qu’en est-il réellement ? Un billet du Eide Neurolearning Blog fait le point sur la relation entre les récompenses et la motivation. Mais l’analyse trahit les limites des sciences empiriques. …

D’abord, il faut se demander si la diminution de la motivation intrinsèque chez les élèves, au fil du temps, n’est pas également attribuable à une désillusion à l’endroit de l’école. C’est un phénomène qui a été observé chez les élèves des classes bien antérieures à celles rapportées par les études citées dans le billet en question. D’un autre côté, peut-être cette perte de motivation est-elle aussi causée par les changements inhérents à l’adolescence.

Mais surtout, la motivation est la conséquence d’un jeu de facteurs trop complexe pour être réduit à des mesures quantitatives. Que ce soit la famille, les amis, les médias, le tempérament, l’environnement scolaire, le prof, le quotidien, une méthode, une image, un geste, un sourire, ou un mot, tant d’éléments concourent à faire vibrer ou assourdir les cordes sensibles. La motivation, d’abord et avant tout, naît de la relation entre l’individu et le sujet. Que cette relation soit émoustillée par une récompense s’avérera toujours la solution la plus facile, pour ne pas dire la plus paresseuse.


Par ricochet :

Motivation, plaisir et gratification

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2 réponses

  • Normand Péladeau dit :

    Bravo! Le discours sur la motivation intrinsèque vs extrinsèque est fort polarisé et manque souvent franchement de nuances. Le blog mentionné fournit des données bien plus nuancées. Je recommande à ce sujet la lecture de « Rewards and Intrinsic Motivation: Resolving the Controversy », par le Dr W. David Pierce.

    http://www.greenwood.com/catalog/H677.aspx

    En passant, ce chercheur a reçu en 2003 une subvention de recherche du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour étudier comment les renforçateurs extrinsèques liés à la performance peuvent augmenter la motivation intrinsèque, ce qui pour des gens comme Deci et Ryan est un paradoxe. Pour le Dr Pierce, il est important de respecter certaines conditions lorsqu’on utilise les renforçateurs sinon, on risque de démotiver les élèves. Ceci dit, lorsque bien utilisés, ces renforçateurs sont drôlement efficaces.

    Quant à moi, j’ai un la chance de mesurer les effets de cette motivation intrinsèque et de renforçateurs extrinsèques lors d’une recherche auprès de 190 élèves de CÉGEP. Constat: ceux qui sont motivés intrinsèquement sont ceux qui en ont le moins besoin (c.-à-d. ceux qui ont déjà de très bonnes notes). Cela a pour conséquence, qu’en ne se basant uniquement sur la motivation intrinsèque, on augmente les écarts entre les plus forts (déjà motivés intrinsèquement) et les plus faibles (souvent pas motivés). Bel exemple d’effet pervers.

  • Si les élèves qui réussissent mieux sont également ceux qui font preuve de motivation intrinsèque, cette dernière est-elle la cause ou la conséquence de leur réussite ? Quoi qu’il en soit, l’observation de mes élèves semble confirmer une importante disparité entre ceux qui sont motivés intrinsèquement et ceux qui ne le sont pas. D’autant plus que le type de motivation peut différer en fonction des disciplines. La lecture d’un article sur l’ambition comme facteur de motivation (Time : Ambition: Why Some People Are Most Likely To Succeed) n’a fait qu’affermir ma conviction que les moteurs psychologiques sont trop complexes et variés pour qu’une seule théorie puisse convenir à tous les apprenants.



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