Recours au silence en enseignement


Certains apprentissages restent gravés à la mémoire, marqués par l’illumination. Comme la découverte du regard chargé de silence. Dans une classe, cela fige immanquablement les élèves quand on le fixe assez longtemps. Après une question, cela attire une réponse tôt ou tard. La pause gravide, comme dit Michael Arnzen. Il poursuit : …

The « waiting game » of the Socratic method. The meditative reflection. Writing in class before discussion. It’s all silence, framed by pensive pedagogy.

Arnzen attire notre attention sur un essai du philosophe Paul Woodruff, Reverence: Renewing a Forgotten Virtue, (voir la critique de Jack Becker), dans lequel ce dernier voit dans le silence une forme de révérence et un puissant éducateur (le chapitre 11 s’intitule The Silent Teacher).

L’érosion du respect intergénérationnel est-il un autre facteur de l’inattention des élèves ? J’ai tendance à le croire. Chose certaine, c’est une habileté qu’il faut développer, sans quoi la réflexion et la métacognition deviennent difficiles.

Par ricochet :

Les TIC causent-ils un déficit d’attention ?

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4 réponses

  • André Chartrand dit :

    « Dans une classe, cela fige immanquablement les élèves quand on le fixe assez longtemps. »

    Quel est le référent de « le« ? le regard? la classe?

    Pourriez-vous expliquer davantage cette histoire de silence. Elle m’intéresse grandement. J’ai souvent noté le drôle d’effet que le silence du prof provoque dans une classe. Notamment lorsque ce dernier pose une question et qu’il a la patience d’attendre plutôt que de se précipiter à y répondre lui-même lorsque la réponse ne vient pas immédiatement des élèves.

  • « Dans une classe, cela fige immanquablement les élèves quand on fixe le regard assez longtemps. »

    Je ne peux pas beaucoup préciser le sujet, André, car je n’ai aucune référence formelle. Je n’ai que ma propre expérience, qui découle, dans ce cas précis, d’une certaine praxis.

    Le tout a commencé avec un professeur à la maîtrise, René Bujold, qui m’avait fait remarquer que le silence possédait un pouvoir immanent que l’on négligeait. Cela a fait jaillir un torrent de réflexion et a piqué ma curiosité. À la première occasion, alors que les élèves s’agitaient toujours après avoir demandé l’attention, j’ai gardé le silence. Je regardais fixement les élèves dont je croisais le regard, allant de l’un à l’autre. Les élèves ont eu tôt fait de comprendre et le silence se fît. J’ai persisté dans mon mutisme juste assez longtemps pour que les élèves ressentent un inconfort. Il fallait voir les élèves se tortiller sur leur chaise et chercher une explication dans le regard de leurs amis. Aussitôt qu’un élève tentait la moindre échappée, je le clouais du regard. Dans mon for intérieur, je savourais la cogitation de tous ses esprits en quête d’une explication. Enfin, j’ai brisé la glace en leur faisant réaliser leur faiblesse à composer avec le silence, plus particulièrement en groupe.

    C’est une technique pour obtenir le silence que j’utilise rarement à cet extrême. Mais chaque fois que j’y ai eu recours, l’effet a été frappant. Je la décris uniquement pour illustrer l’usage que l’on peut faire du silence. Avec un peu d’imagination, et selon notre personnalité, il y a toute une panoplie de variations que l’on peut intégrer à notre gestion de classe.

  • André Chartrand dit :

    Merci de votre réponse.

    L’explication de votre expérience dans l’utilisation du silence me suffit amplement. Je comprends ce à quoi vous faites référence.

    Comme je vous le mentionnais dans le commentaire précédant, j’utilise le silence pour susciter des réponses. J’ai d’ailleurs souvent eu l’intuition que les élèves finissent par répondre à la question non seulement parce que je leur ai laissé le temps de réfléchir, mais quelque fois pour rompre un silence difficile à assumer.

    En vous lisant, j’ai pris conscience qu’à l’occasion, j’utilise à peu près la même technique que vous lorsque j’arrive dans une classe un peu trop agitée.

  • Je suis content, André, que tu insistes sur le silence comme moyen de solliciter une réponse des élèves. C’est un aspect que j’avais à peine effleuré au début du billet. Et pourtant, c’est primordial. C’est une façon de manifester du respect pour les élèves en reconnaissant qu’ils ont besoin de plus de temps que nous, enseignants, pour exprimer leur pensée sur l’objet des apprentissages. Il y a tant à dire sur le silence en tant que sanctuaire de la raison, de la réflexion, de l’introspection, et que sais-je encore.



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