La spécialisation des écoles


La diversification des programmes offerts par les écoles sont la reconnaissance que les élèves possèdent des intérêts et des capacités qui leur sont propres. Sans toutefois atteindre l’individuation des apprentissages, elle permet au moins sa différenciation. Pas étonnant, donc, qu’ils gagnent en popularité (programmes sports-études, Programmes d’éducation internationale, PROTIC, profils, etc.). …

Bonne nouvelle pour les écoles concernées : les programmes spécialisés réussissent mieux que les programmes généraux, selon Ofsted, l’agence gouvernementale qui supervise la qualité de l’éducation en Grande-Bretagne (BBC : Specialist schools ‘succeeding’). Les Américains emboîtent aussi le pas, mais d’une façon qui semble encourager la sélection naturelle (New York Times : Schools to Add More Programs for the Gifted).

La popularité et le succès de ces programmes ne sont guère étonnants au regard de la théorie de la motivation scolaire. Forcément, ils favorisent une perception plus avantageuse, de la part de l’élève, de sa compétence, de la valeur des apprentissages et, dans une moindre mesure, de sa contrôlabilité (dans la perspective où il peut décider du programme auquel il s’inscrit).

Le danger qui nous guette, cependant, est la compétition entre les écoles pour attirer les élèves. La tentation sera grande de faire miroiter des avantages qui ne seront que des leurres. On aboutirait ainsi à une sorte de commercialisation des écoles. L’échec de plusieurs charter schools aux États-Unis est un exemple à éviter. Par ailleurs, la rivalité entre les écoles publiques et privées au Québec montre que l’émulation présente aussi des avantages (quoi qu’il y ait beaucoup à dire à ce sujet).

Mais est-ce que cette diversification des programmes suffira à sauver les écoles quand on considère que le e-learning offre une individuation des apprentissages ? Il est permis d’en douter, à moins qu’elles n’intègrent elles-mêmes le e-learning. À ce propos, il existe certainement une façon intelligente pour l’école d’utiliser les avantages du e-learning. Il est aberrant que les institutions scolaires ferment les yeux sur ce phénomène. De ce que j’en sais, on n’en discute même pas. Ici, du moins. Ailleurs, on fait preuve d’un peu plus de largesse d’esprit (The Atlanta Journal-Constitution : Virtual school will leap barriers).

Par ricochet :

Les types de e-learning

Commission européenne : oui au e-learning

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3 réponses

  • André Chartrand dit :

    La multiplication des écoles à vocation particulière tout comme les programmes spécialisés est une question qui me préoccupe beaucoup actuellement. Je crois important de questionner à fond le phénomène. Cette approche a des avantages incontestables, mais il faut également évaluer les écueils possibles. Vous mentionnez une dérive à éviter ; le développement d’une logique marchande de compétitivité entre les écoles. Il faut également considérer la question de la sélection, l’éclatement possible de la formation de base commune pour ne mentionner que ces quelques dangers.

    À mon avis, le phénomène s’inscrit également dans la problématique plus large de la décentralisation. Cette dernière, implique une recherche d’équilibre entre le respect de standard nationaux et la création d’une authentique marge de manœuvre pour les établissements scolaires afin qu’ils répondent au mieux au besoin de la population qu’elle dessert.

    Par ailleurs, le sujet viendra, à plus ou moins brève échéance, sur l’avant scène de l’actualité. D’une part, le Conseil supérieur de l’éducation (http://www.cse.gouv.qc.ca/)prépare un avis sur question qui se rapporte à cette problématique « Enseignement secondaire : Enseignement au secondaire : différenciation ou sélection? (thème retenu par le Conseil en septembre 2004). » (http://www.cse.gouv.qc.ca/f/travaux/travaux.htm)D’autre part, les déclarations récentes de Réjean Parent, président de la CSQ,(http://www.ledevoir.com/2005/01/08/72114.html) laissent entrevoir une volonté de s’attaquer à la question dans un avenir plutôt proche que lointain. Finalement, le projet de loi 73 favoriserait le développement d’écoles à vocation particulière et de programmes particuliers en remettant aux commissions le pouvoir décisionnel en la matière (http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2004C38F.PDF).

    Un dossier que j’ai l’intention de suivre.

  • La question de la sélection est effectivement un mal nécessaire des programmes particuliers. Il est impossible, dans les conditions actuelles, de prévoir une organisation assez souple pour accepter tous les élèves qui s’inscrivent dans un programme. Il n’est pas certain, par ailleurs, qu’une admission générale soit le meilleur service à rendre aux élèves, tant d’un point de vue individuel que de la communauté. Quant à « l’éclatement possible de la formation de base commune », je ne crois pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter : d’une part, la quasi-totalité des parents y tient trop ; d’autre part, le caractère sacré de la formation de base est un mythe qu’il faut assouplir si on veut qu’il évolue. C’est pourquoi j’ai toujours favorisé la décentralisation en matière d’éducation. Les régimes scolaires décentralisés ont déjà fait leurs preuves dans plusieurs pays, notamment aux Pays-Bas.

  • André Chartrand dit :

    Ma position n’est pas encore tout à fait arrêtée sur tout cela. Je ressens le besoin de lire et de réfléchir davantage dans un contexte où la question se posera probablement avec acuité bientôt et la réponse ne sera pas sans conséquence sur le développement du réseau de l’enseignement primaire et secondaire.

    Je suis plutôt favorable à la décentralisation. Cependant, certains aspects m’inquiètent et je crois qu’il faut en identifier les limites et les dérives possibles. Par exemple, en ce qui concerne la formation générale commune, ou de base, je suis d’accord avec vous sur le fait que les parents y tiennent beaucoup lorsqu’il est question du lire, écrire, compter et de l’apprentissage de l’anglais langue seconde. Mais je doute qu’il en soi de même pour l’éducation à la citoyenneté, l’éducation physique, éthique et culture religieuse par exemple.

    Par ailleurs, certaines lectures me laissent perplexe. Vous dites que la décentralisation fonctionne bien aux Pays-Bas. Soit, je chercherai à m’informer de ce qui s’y passe au juste. Par contre, considérez ce titre « En accordant une totale autonomie aux établissements, Auckland a
    mis en place le système d’éducation publique le plus libéral du monde. Dix ans plus tard, une école sur quatre est sinistrée. »(http://www.unesco.org/courier/2000_11/fr/doss31.htm)

    Cela me donne à penser que la décentralisation, comme bien d’autres modèles de développement, n’est pas une panacée en soi. Elle comporte ses propres écueils. Cela m’amène également à me demander ce qui a fait le succès de la décentralisation aux Pays-Bas et ce qui en a fait un désastre en Nouvelle-Zélande.

    C’est à ce point de ma réflexion que je sens la nécessité de questionner à fond ce modèle de développement.



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