Formation continue télévisuelle


La BBC, avec l’aide du gouvernement anglais, a mis en onde Teachers’ TV, une chaîne de télévision spécialisée pour les enseignants. Quoique les réactions soient mitigées (BBC : Teachers’ TV station takes to air / voir les commentaires des lecteurs), l’initiative n’est pas sans mérites. …

Les moyens conventionnels de formation continue des enseignants ne donnent que de maigres résultats. Les conférences et les ateliers sont trop peu nombreux et trop sporadiques. Les revues professionnelles, malgré l’intérêt du contenu, souffrent de prévisibilité dans la présentation. Quant au Web, les ressources sont trop éparses pour la plupart des profs, lesquels sont peu branchés de toute façon. Les blogs ?… pas le temps.

Pour revenir aux revues professionnelles, je vois peu de collègues lire Vie Pédagogique. Manque de temps et d’intérêt, sans doute. Pourtant, l’équipe de rédaction fait des miracles avec peu de ressources. J’ai moi-même cessé de la lire. Je trouve le contenu trop statique ; je préfère aller chercher de l’information plus dynamique ailleurs. Pour ce qui est de la revue Virage, le contenu très ministériel manque d’objectivité ; tout de même, il y a de quoi s’inquiéter quand la direction d’une école ne se donne même plus la peine de la distribuer à ses enseignants.

Une chaîne spécialisée présente l’avantage d’offrir une formation visuelle, en continu, et généralement de grande qualité quand elle est documentaire. Pour l’enseignant qui passe une bonne partie de la journée à composer avec l’écrit, la vidéo représente un moyen de communication attrayant. Du coup, c’est pas aussi sexy que Virginie, mais je suis persuadé que plusieurs enseignants se laisseront accrocher en zappant d’une chaîne à l’autre. Les occasions seront nombreuses de susciter la discussion chez les enseignants. Il est dommage, toutefois, que les émissions de 15 minutes ne soient pas disponibles en ligne.

Le plus grand avantage est dans la valorisation de la profession d’enseignant. D’une pierre on fait deux coups : on apporte soutien et reconnaissance aux enseignants, qui en ont bien besoin, et on s’attaque aux préjugés de la population à l’égard de la profession. Et pourquoi, par la même occasion, ne pas ajouter des émissions à l’intention des parents ? Il y a une éducation à faire au regard des programmes de formation, de la motivation scolaire, du soutien aux devoirs, des troubles de comportement, etc.

Évidemment, le Québec n’a pas les moyens de s’offrir une télévision pour les enseignants. Je ne me fais pas d’illusions. Néanmoins, je suis préoccupé par l’avenir d’une profession qui néglige sa formation. Sa pertinence est en jeu.

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2 réponses

  • André Chartrand dit :

    «Pour ce qui est de la revue Virage, le contenu très ministériel manque d’objectivité »

    C’est moins évident avec Vie pédagogique, mais cette revue est elle aussi très « orientée ». C’est aussi une publication du MEQ. D’ailleurs, il serait plutôt étonnant de voir les dernières publications de Clermont Gauthier figurer au sommaire de cette revue. Quoi que l’on pense de ses récentes positions à l’égard de la pédagogie par projet, il n’en demeure pas moins un chercheur accrédité et respecté. À ce titre, ses positions devraient paraître dans Vie pédagogique.

    Cela n’enlève pas toute valeur à la revue, je crois comme vous qu’elle offre, malgré tout, un grand intérêt et ce serait une grande perte si elle devait disparaître. Cependant, il me semble qu’une politique éditoriale un peu plus axée sur le débat d’idée serait la bienvenue et conférerait un plus grand intérêt et crédibilité accrue à la revue.

    « Évidemment, le Québec n’a pas les moyens de s’offrir une télévision pour les enseignants. »

    Permettez-moi d’être en désaccord avec vous sur ce point. En fait, ce n’est pas une question de capacité financière, c’est une question de priorité budgétaire. Téléquébec pourrait se charger de produire ou de diffuser une telle émission spécialisée disons… d’une heure, si on arrêtait de sabrer dans son budget. Oui, oui, la taille de l’État, l’état des finances publiques et tout et tout. Mais là, nous sommes en plein choix politique et en plein choix de société. À moins d’être dans un contexte d’économie de subsistance, et encore là, un budget est toujours un outil stratégique d’affectation des ressources financières qui reflète des priorités, des valeurs, des choix.

    Sans faire de politique partisane ici, juste pour illustrer le propos, pourquoi le Québec aurait-il les moyens de financer à hauteur de 10 millions des projets entre commissions scolaires et écoles privées « ethnoreligieuses » et n’aurait pas les moyens de financer la production d’une telle émission ? Question de priorité budgétaire.

    Si je ne m’abuse, 10 millions représente une augmentation de près de 20 % du budget actuel de Téléquébec.

  • J’aime bien l’idée d’une « politique éditoriale [...] axée sur le débat d’idée », exprimée par André, pour dynamiser le contenu de Vie pédagogique. Quelques pages pour les opinions des lecteurs insuffleraient aussi un peu de vie à la revue.

    Quant à la faisabilité économique d’une émission spécialisée sur les ondes de Télé-Québec, je ne l’avais pas vu sous un angle aussi favorable. Ça porte effectivement à réfléchir.



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