Tests de dépistage de drogue dans une école


Une école secondaire d’Angleterre défraie la chronique aujourd’hui en soumettant les élèves à des tests de dépistage de drogue. La direction affirme que 85 % des parents ont consenti à ces tests, lesquels seront prélevés sur une vingtaine d’élèves choisis au hasard chaque semaine. …

La presse écrite a largement répandu la nouvelle (voir ici, ici, ici, ici, ici). En général, les enseignants désapprouvent cette initiative.

La direction de l’école a tout fait pour que la politique soit administrée le plus humainement possible. Aucun élève ne sera soumis à un test contre son gré. L’un des arguments les plus convaincants veut que cela serve de prétexte à ceux qui veulent dire non à la drogue mais qui succombent à la pression du groupe.

Avant de porter un jugement sur cette affaire, j’ai tâché d’imaginer un milieu où le problème de la drogue est le plus grave. Malgré tout, et en dépit de la volonté de délivrer les élèves de la pression du groupe, je dois m’inscrire en faux contre cette mesure. D’une part, j’ai un certain mépris pour les mesures coercitives qui affectent l’ensemble d’une communauté à cause des écarts d’une minorité. D’autre part, en luttant ainsi contre un problème, on ne le règle pas ; on ne fait que le déplacer vers d’autres milieux. Or, il y a certainement plusieurs solutions éducatives à ce problème, à la condition qu’on y investisse temps, ressources, et originalité. Côté pratique, des stratégies policières comme les lignes d’information et de dénonciation anonymes peuvent être très efficaces.

Je reconnais néanmoins le courage de la direction qui a pris le taureau par les cornes en adoptant une solution pratique qui sort de l’ordinaire. Mais toute action n’est pas nécessairement bonne.

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11 réponses

  • André Chartrand dit :

    Comme enseignant, comme parent et comme citoyen c’est là une pratique à laquelle je m’opposerais avec la dernière énergie. Il s’agit d’une atteinte injustifiée et inacceptable aux principes de l’habeas corpus et à la vie privée à laquelle même les jeunes ont droits. La civilisation occidentale a mis longtemps à affranchir les individus de l’exercice arbitraire de l’autorité des institutions. Cette pratique c’est exactement cela, la subordination injustifiée des individus à l’arbitraire de l’autorité d’une institution. Qu’ont ne s’y trompe pas, c’est de pouvoir et d’autorité qu’il s’agit bonnes intentions ou non:

    Le jeune pourra refuser de se soumettre au test,

    “Mr Walker said that no child would be tested against his or her wishes. “

    mais s’il refuse, on appellera ses parents,

    « Mr Walker said that no child would be tested against his or her wishes. « If a child says no to being tested we will call the parents into the school and discuss it,  » he said.

    C’est là mettre le pied dans la logique de l’État policier. Une logique qui ouvre grande la porte aux caméras de surveillance, aux chiens renifleurs à la porte de l’école, au couvre-feu dans les rues et à la fouille au corps aléatoire, de même pour les casiers par n’importe quelle personne autorisée par l’autorité compétente sans motif raisonnable. Pourquoi pas ? Certains jeunes sont certainement forcés par la pression des pairs de se faire « runner » (transporteur-livreur de drogue).

    Ne riez pas, pour les chiens j’ai déjà entendu cette suggestion dans une école. Quant aux caméras de surveillance, si elles sont interdites en milieu de travail, elles sont autorisées dans certaines rues de Montréal. Pour le couvre-feu rappelez-vous la municipalité d’Huntington d’avant les événements tragiques qui la mobilise actuellement.

    Une mesure proactive face à un problème récurrent ? Laissez-moi rire, il existe une panoplie de mesures préventives et de mesures de supports spécifiques au milieu scolaire au Québec. Il suffit d’en prendre connaissance et d’y consentir les ressources et c’est efficace.

    Adopter une telle mesure en prétendant vouloir « aider » les jeunes c’est montrer une ignorance crasse de la problématique de la consommation de drogues et d’alcool chez les jeunes. Je m’étonne d’ailleurs que M. Walker n’ait pas inclus un test d’alcolimie. C’est un problème qui, actuellement, est plus répandue que celui de la drogue chez les jeunes.

  • Ça me réconcilie avec le milieu scolaire quand je vois des enseignants qui, au-delà de leur discipline, se portent à la défense de la moralité avec autant de conviction et de véhémence (au sens noble) qu’André. J’apprécie particulièrement l’ironie de l’allusion à l’habeas corpus (habeas corpus ad subjiciendum), laquelle, à l’origine, est une institution anglaise.

  • André Chartrand dit :

    Sur le même sujet et non moins inquiétant http://www.humanite.fr/popup_print.php3?id_article=454272

  • La couverture, dans le journal Libération, des contrôles policiers devant les écoles françaises contient cette perle du président du syndicat des magistrats : « Quand l’État n’a plus les moyens d’agir, il donne dans l’agitation, la publicité, les actions symboliques. »

  • André Chartrand dit :

    Il y a un billet très intéressant sur les contrôles policiers récents en France ici

    http://education.blogs.liberation.fr/carnet/2005/01/du_toujours_plu.html

    entre autre cette remaque « Personne ne rappelle non plus que 60.000 aides éducateurs ont été virés, ainsi que 5.600 surveillants, en trois ans ; idem de nombreux enseignants non titulaires. Le lien entre ces faits mérite pourtant d’être interrogé – à moins de croire qu’on lutte mieux à long terme contre la violence avec des policiers qu’avec des personnels d’éducation. »

    Il y a également quelques commentaires très instructifs qui sont associés au billet.

  • Franco dit :

    Pas besoin d’aller en Angleterre. Déjà ici au Québec, l’inspection par des chiens pisteurs est déjà en place. Entre autre au College Durocher à St-Lambert. Quand on a annoncé cela aux parents, tout le monde trouvait cela « super ». J’ai failli faire une syncope mais bon je me suis dit que ^ca devait être moi qui n’était pas normal!
    Le policier « pisteur » est venu parler aux parent spour leur expliquer. Après 15 minutes d’explication, il est parti comme si de rien n’était et on a pas passé à un autre sujet…

  • Et une école privée, en plus de ça ! Voilà un directeur qui n’a pas froid aux yeux !

    Mais public ou privé, cela n’y change rien. C’est se laver les mains de l’éducation des jeunes. Que ceux-ci se plongent dans la drogue, on semble s’en foutre, tant que cela ne se passe pas à l’intérieur des murs de l’école. À moins que cette action ne s’inscrive dans un plan d’action plus large.

  • Franco dit :

    Ce que moi je comprends c’est que: Y aura pas de drogue à l’école. Que les jeunes en prennent n’importe où ailleurs,et que ça fasse n’importe quoi sur eux on s’en fiche et ce n’est pas de nos affaires en autant qu’on en trouve pas à l’école.
    Lors de la rencontre de parents (à peu près 400 personnes), personne n’a réagit négativement à cette décision.

  • Exactement !

  • Justin dit :

    Bonjour, mon nom est Justin Arsenault et je suis un élève d’une école secondaire. Dans notre classe de droits nous devons fair un débat sur le sujet de dépistage de drogue dans les école. Mon équipe et mois nous devons prouver que les dépistage dans les école ce sont une bonne chose. Si tu pourrait me récrire avec des points positives sur ce sujet pour nous aider a combattre nos adversaires. Merci et svp me récrire avant Jeudi le 18. Mon couriel est Kidd__30@hotmail.com. Merci encore Mille fois et très beau travail avec le site web! bonjour.

  • Navré Justin, mais comme je suis tout à fait opposé aux tests de dépistage de drogue dans les écoles, je ne peux pas vraiment t’aider. Bonne chance néanmoins dans ton travail. Il semble que le sort ne t’ait pas favorisé en te donnant la défense des tests de dépistage.

    P.-S. Puis-je te suggérer un excellent site gratuit pour réviser ton texte avant de le publier ;-)



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