Blogueurs et aide humanitaire


Je ne donne pas cher de notre réseau de blogueurs si nous ne profitons pas de cette union pour réaliser des actions concrètes. Le mini-colloque de l’été dernier en est un bel exemple, mais ce n’est pas assez. Du moins, c’est bien peu en comparaison des besoins causés par le cataclysme de l’Océan Indien. Or, que fait la blogosphère pour venir en aide aux sinistrés, à part babiller ? …

À l’instar de la caricature de Matt Davies ci-dessous, nos discours ne doivent pas être qu’un flots de mots. C’est valorisant de se panacher de belles idées, mais si c’est pour se retirer derrière une vitrine, alors je ne marche plus. Est-il besoin de rappeler que les blogueurs sont parmi les citoyens du monde les plus branchés et les plus favorisés (l’achat d’un ordinateur, après tout, n’est pas donné à tout le monde). Si tout ce savoir-faire et ces nouvelles technologies ne débouchent pas sur des actes humanitaires, c’est peine perdue.

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Naturellement, rien n’empêche chacun de nous de faire un don à la Croix-Rouge ou à un autre organisme d’aide humanitaire. Plusieurs l’ont déjà fait, et les Canadiens ne sont pas en reste. Mais le but des TIC n’est-il pas de tendre vers des réalisations collectives ? Car c’est dans l’action que se nouent les liens de camaraderie.

Je reprends une suggestion faite du temps de SeptembreMédia et qui se prête mieux à la blogosphère qu’à un site Internet : former un regroupement d’adhérents qui s’engagent à répondre à un appel d’aide dans les moments importants. Les fonds recueillis seraient remis à un organisme d’entraide au nom du collectif plutôt que des individus. L’impact serait décidément plus grand pour le collectif, car le réseau et l’organisation ainsi créés pourraient servir de tremplin à d’autres actions communautaires, à l’image de iCan.

Les dons seraient collectés par un organisme de confiance (Opossum vient spontanément à l’esprit) qui les verserait à un organisme d’entraide. Les déductions fiscales seraient réinvesties dans la cagnote pour un don ultérieur. Un wiki colligerait les contributions pour chaque événement afin d’assurer la transparence de la comptabilité. Une fois un nom choisi (AideNet, NetSecours ?), on pourrait facilement concevoir un logo que les participants arboreraient sur leur site, à la manière de Creative Commons.

N’est-ce pas une magnifique résolution pour le nouvel an ?

J’en profite pour lever mon chapeau aux compagnies, dont Devon Technologies et Apple (mais pas Apple Canada), qui ont posé des gestes pour venir en aide aux sinistrés de l’Océan Indien.

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6 réponses

  • « que fait la blogosphère pour venir en aide aux sinistrés, à part babiller ? »

    Je ne saisis pas.

    Il n’y a que dans la blogosphère où l’on nomme les usagers en fonction de l’outil.

    Est-ce que l’on me nomme emaileur ou courrielleur? Ou téléphoneur ou celluleur? Je n’ai pas d’étiquette et je ne me sens pas solidaire d’un autre qui utilise le même outil que moi, pour cette raison précise.

    La blogosphère est le lieu où les gens qui utilisent les blogs se retrouvent. Où il y a des conversations. Et, si on oublie un instant l’outil, je suis persuadé que les thèmes abordés sont les mêmes qu’au téléphone ou autour d’une bière.

    La blogsophère offre des traces écrites, mais ne diffère pas fondamentalement des conversations verbales. C’est peut-être là distinction majeure avec les journalistes qui ont (devraient) avoir une conscience de l’impact de leur écrit.

    J’ai lu/vu des blogs qui ont changé ma perspective sur l’événement (
    http://phukettsunami.blogspot.com/ ) , comme il y a des conversations qui provoquent des changements de point de vue.

    L’acte humanitaire que tu demandes à la blogosphère pourrait s’adresser au genre humain, avec ou sans ordinateur. La blogosphère reste tout de même une illusion d’optique

    Une illusion comme la caricature, très drôle au demeurant, qui laisse tout de même, au second regard, apparaître l’illusion: si tant de technologie est pointée vers l’Asie, c’est qu’elle s’est donnée ce point comme focus (et non le Darfour qui est redevenu désert – et qui pourrait être la partie droite de la caricature).

    Il n’y a pas de cynisme technologique : l’armada d’antennes est concentrée temporairement à un endroit (jamais globalement en tout temps – ce qui est demandé à la technologie de détection).

    Ceci dit, le fond de ta pensée reste pertinente : l’acte humanitaire devrait être le geste qui suit la parole, quelle qu’elle soit…

  • Et moi qui croyais que l’homme avait cette capacité d’élever son génie en mettant ses créations au profit de l’humanité. Si les technologies de la communication ne tendent qu’à assécher l’âme et à glorifier la parlote aux dépens de l’action, alors je tire ma révérence. Peut-être ai-je trop navigué, ayant appris très tôt l’importance de l’esprit de corps, de l’entraide, et de la camaraderie. Si la blogosphère n’est qu’une « illusion d’optique », je refuse de courir après un mirage. J’avais nettement l’impression qu’elle était un pas vers la communauté de pratique. Plutôt que de jaspiner comme dans un bistrot, je préfère encore le goût de la bière.

  • Dur constat.

    Si on voit la blogosphère comme une aberration extrème du discours phatique, ce discours qui s’écoute discourir seulement pour rester en contact, alors on peut dire qu’elle est mystificatrice, gaspilleuse et atténuatrice de l’action.

    Le bavardage, et le bavardage sur le bavardage, restera toujours une apparence de discours, une parodie de politique, dans le sens qu’il remplit le rôle de fausse conscience: celui qui s’y adonne s’affranchit du besoin d’agir, convaincu (trompé?) d’avoir agit.

    Je vois la blogosphère comme une possibilité de communication plus substantielle. Par contre, selon ce qu’on synthonise, elle peut paraître (et être vraiment) du bruit qui se présente sous les fausses apparences du discours sur la cité et ses finalités.

    Pour te paraphraser, peut-être n’ai-je pas assez navigué. Il me semble que ma petite blogsophère lisible, ma sélection à moi (car j’effectue un tri si radical) m’a offert une vision qui a modifié ma vie.

    J’insiste, comme l’avocat du diable, pour détacher la blogosphère du babillage. Seul l’homme en tant qu’animal social peut arriver à ces inconsistances que tu dénonces : le blog comme outil n’est que le prolongement de la langue (ou des doigts dans ce cas). Elle n’élève ni abaisse notre nature.

    Avec cette nuance : grâce au blogs, l’interconnexion entre les humains augmente et donc les chances de se changer.

  • Le blog Franchement!
    http://franchement.blogspot.com/2005_01_01_franchement_archive.html#110545434954563173
    rapporte une initiative de Dave Pollard. Plaisant à lire, l’utopie n’est pas morte.

  • Guy Poirier dit :

    http://guipoi101.blogspot.com/
    Bonjour
    Je viens de passer sur votre site par hasard et je vois qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. J’ai envoye une demande d’aide à tous mes contacts de Quebec et mes contacts ici en République. Rien . C’est bien sur un problème de crédibilité, quand on a pas d’organisation pour t’appuyer. Quand on est travailleur bénévole on a pas de structure mais la misere et la pauvreté est là tout de meme. Je souhaite que votre réflexion porte fruits. Car des gens comme moi il y en a plus que vous ne le croyiez et ça n’est pas toujours après une catastrophe naturelle que nous décidons d’aider les autres. En plus de mon blogue, j’ai fais un petit clip vidéo mais je ne l’ai pas à portée de main. Si je trouve une oreille compatissante, je me ferai un plaisir de corresponde avec. La satisfaction que l’on retire de DONNER, nous empêche de nous prendre pour des sauveurs. Vouloir changer les autres et leur façon de faire s’avère la pire erreur à faire, parce que, ce faisant, nous nous plaçons comme supérieur à ceux que nous voulons aider. Je vous souhaite une belle journée.

  • J’admire votre générosité et votre courage, M. Poirier. Aller enseigner en République Dominicaine, dans des conditions que personne n’accepterait ici, voire même imaginer, relève de l’apostolat. Il faudra bien que je montre vos photos à mes élèves pour leur faire réaliser la chance qu’ils ont.



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