Les fraudes Internet

TissotDeceitGuile.jpgLa perversion de la cité commence par la fraude des mots. (Platon)

L’argent est un fameux hameçon. Or, l’anonymat et la portée d’Internet en font le moyen de prédilection des fraudeurs. Un rapport (PDF) du Internet Crime Complaint Center (États-Unis) situe le Canada au quatrième rang mondial pour le nombre de fraudeurs, et au second rang pour le nombre de victimes. J’ai surtout trouvé fascinant la panoplie de fraudes qui nous guettent (eSchool News : Report details common internet scams). Ainsi, à des fins éducatives, les jeunes gagneront à être sensibilisés tôt aux requins qui rôdent.

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(Image thématique : Deceit and Guile Depart not from Her Streets, par James Tissot)


Par ricochet :
Phishing : les gens mordent

Les avantages d'une langue seconde

C’est le genre de nouvelles qui réjouit un professeur d’anglais : une étude (PDF) indique que le bilinguisme accroît la matière grise dans les parties du cerveau responsables de la langue, alors qu’une autre étude (PDF) révèle qu’il ralentit le déclin des facultés cognitives et mnémoniques relié au vieillissement (Eide Neurolearning Blog : Bilinguilism Is Good for You). Mais ce n’est pas tout.

Je prends toujours le temps, en début d’année, de faire prendre conscience aux élèves des raisons pour lesquelles ils doivent apprendre l’anglais. Puisque mon blogue d’école est dans la langue de Shakespeare, je les présente ici en français :

    Le bilinguisme accroît la matière grise dans les parties du cerveau qui traitent le langage (source).
    Le bilinguisme favorise la compréhension des diversités culturelles et un esprit ouvert (source).
    Le bilinguisme offre de meilleures chances d’emploi (source).
    L’anglais donne accès à un vaste contenu de connaissances (source).
    L’anglais est aujourd’hui une ressource inestimable pour voyager ; l’anglais est officiellement reconnu par plus de 75 pays (source).
    L’anglais constitue un atout majeur à l’ère de la mondialisation : un tiers de la population mondiale parlera bientôt anglais (source), alors qu’elle est déjà la langue internationale des sciences et des affaires (source).
    Les personnes bilingues ont, en moyenne, un revenu annuel supérieur de 6 000 $ (source): multiplié par 35 années de travail, cela fait 210 000 $ ; avec les intérêts cumulés, la somme dépasse les 500 000 $.
    • L’anglais facilite l’accès à l’université ; or, la valeur d’un diplôme, échelonné sur toute une vie, est estimée à 1 million $ (source 1, source 2).
    Un diplôme universitaire ajoute 5 ans à l’espérance de vie (source (PDF)).
    Ceux qui parlent une langue étrangère ont plus de sex-appeal (source).


Par ricochet :
Les langues et le sex-appeal
Mondialisation de l’anglais
L’anglais, langue de travail en France

L’apprentissage d’une langue seconde – prise 2 (Réflexions d’un enseignant)
Retour à l’anglaise (Foire aux idées)

La caducité des commissions scolaires

Le temps est venu d’abolir les commissions scolaires. Les déboires de la réforme, le cafouillis de l’intégration des TIC, la croisade contre les écoles privées, et la débandade au ministère de l’Éducation, dont le fiasco des prêts étudiants n’est que la dernière manifestation, témoignent de la nécessité de réorganiser le système de l’éducation. …

Force est de constater que les nombreux problèmes qui affligent l’éducation au Québec résultent de nombreuses années de restrictions budgétaires. Le secteur de l’éducation crie famine. Cependant, tout le monde réclame plus d’argent. À qui donner la becquée ? De fait, j’ai beau retourner la question dans tous les sens, je ne vois qu’une solution : redistribuer les ressources autrement.

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) a causé tout un émoi, récemment, en proposant « que le gouvernement du Québec mette fin au financement public du réseau d’écoles privées et qu’il réinvestisse ces sommes au sein du réseau public. » La proposition a fait couler beaucoup d’encre, comme en font foi la tapée d’articles dans Le Devoir d’aujourd’hui :

Tout compte fait, il ne sert à rien de tirer en rafale sur les écoles privées. La cible la plus visible n’est pas toujours la bonne. De surcroît, on risque de faire plus de mal que de bien. On peut douter des économies après que l’on ait relogé tous les élèves et absorbé le coût social de l’hécatombe des institutions en faillite. Par ailleurs, les écoles privées sont une source de diversité et d’émulation dont on ne saurait se passer. Il faut plutôt regarder ailleurs, notamment dans les châteaux forts des commissions scolaires qui engloutissent des sommes considérables, pour un bénéfice, somme toute, bien maigre.

À une époque où les enseignants étaient formés à l’école normale et où la communauté n’avait guère les ressources humaines pour superviser la qualité de l’éducation, les commissions scolaires représentaient un maillon important entre le gouvernement et les écoles. Les choses ont bien changé. Les enseignants sont maintenant des professionnels avec un diplôme universitaire. En outre, la génération des parents d’aujourd’hui est issue de l’école obligatoire et chaque village, si petit soit-il, a son lot d’universitaires. Ainsi, chaque communauté dispose des ressources humaines capables d’assurer la gouverne des écoles.

Dans ce contexte, la centralisation de l’éducation, avec autorité déléguée aux commissions scolaires pour assurer l’administration locale, est une aberration. Reconnaissons à l’État le rôle de déterminer les principes et les grands objectifs en matière d’éducation. Pour le reste, il faut faire confiance au milieu, à la condition de leur donner aussi les moyens. À cet effet, les écoles privées ont bien démontré la capacité des établissements indépendants de bien gérer l’éducation.

De plus, les conseils d’établissement témoignent de l’efficacité de la communauté à collaborer à la gestion des écoles. La volonté aussi est manifeste, bien au-delà des élections scolaires pour élire les commissaires. Le taux de participation à ces élections frôle le ridicule ; sans compter la politicaillerie des élus qui font généralement peu de cas des élèves.

L’appareil bureaucratique des commissions scolaires coûte très cher à l’État. Il appert que l’investissement n’est plus rentable et que la somme serait utilisée à meilleur escient si elle était redistribuée dans les écoles. Pour faire une analogie, malheureusement sarcastique, il faut éliminer les profiteurs entre le donnateur et les sinistrés.

En plus d’une population plus scolarisée, plusieurs facteurs justifient l’autonomie des communautés à gouverner les écoles. D’abord, celles-ci se sont toutes dotées d’un projet éducatif et d’un plan de réussite qui constituent les fondements d’une bonne gestion. Ensuite, les technologies de l’information assurent un lien direct entre les instances gouvernementales et les écoles, particulièrement au regard des ressources éducatives ; sans compter qu’elles permettent un réseautage plus étendu que les commissions scolaires. Sans ces dernières, il est même fort à parier qu’on assistera à un rapprochement des écoles publiques et privées. Enfin, il n’existe pas de moyen plus dynamique d’établir l’interaction avec la communauté, interaction si chère à la réussite de la réforme.

Cette réforme de l’éducation, à laquelle j’adhère, nécessite également une réforme de la structure administrative. Pour éviter les dérapages, et compte tenu de l’ampleur des fonds publics investis, un appareil de supervision doit être maintenu. Je suggère que les commissions scolaires soient remplacées par un seul bureau régional, relevant du ministère de l’Éducation, et qui assurerait le relais entre ce dernier et les écoles. Le mandat de ces bureaux serait fort limité (perception des taxes scolaires, supervision de la qualité des services, quelques services complémentaires pour répondre aux besoins des écoles). Les économies ainsi réalisées seraient considérables. Au besoin, le bureau régional pourrait assurer la tutelle des écoles déficientes ou de celles qui, faute de moyens, en font la demande.

Plusieurs traiteront cette proposition de ridicule. J’entends déjà la clameur provenant des administrateurs scolaires. Cependant, la situation exige des solutions radicales. Le moment n’est plus au rabibochage, mais à l’innovation.

Mise à jour, 26 janvier 2008 | Il n’y a pas qu’au Québec où on remet en question la pertinence des commissions scolaires. Aux États-Unis, Matthew Miller conclut également que les commissions scolaires sont une structure qui a fait son temps (The Atlantic : First, Kill All the School Boards).

Mise à jour, 15 avril 2009 | Voici qui n’est pas pour rallier le public à la cause des commissions scolaires : le Journal de Montréal affirme que la FCSQ « garde dans ses coffres un «coussin» d’environ 400 000 $ de fonds publics et verse à ses dirigeants des salaires de hauts fonctionnaires. » (Canoë : Surplus et gros salaires). Je reproduis ci-après le tableau des salaires et des dépenses le l’équipe de dirigeants de la FCSQ.

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Mise à jour, 17 janvier 2010 | Dans une analyse sévère du coût des commissions scolaires au Québec, l’économiste Paul Daniel Muller de l’Institut économique de Montréal dresse un bilan qui évalue à une centaine de millions de dollars par année les économies que la province pourrait faire en se débarrassant de cette structure administrative (Argent : Les commissions scolaires : une institution à réformer). On notera, malheureusement, l’absence de références quant aux sommes avancées. Par ailleurs, Muller recommande, avec une certaine sagacité, que cet argent serve non à des économies, mais soit réinvesti dans la lutte au décrochage.

Mise à jour, 06 février 2011 | Deux articles de blogue, coup sur coup, étayent la thèse d’une autonomie décentralisée. D’abord, un billet de Jean-Paul Jacquel qui analyse le sujet dans une perspective européenne (Solution de continuité : Que peut signifier plus d’autonomie pour les établissements scolaires?). Plus près de nous, un résumé du livre de deux professeurs de l’Université Concordia, Autonomy in the Workplace: An Essential Ingredient to Employee Engagement and Well-Being in Every Culture, qui souligne les bénéfices de l’autonomie (Planet techno science : Quand liberté rime avec satisfaction des employés) :

Les travailleurs qui bénéficient d’une certaine autonomie – c’est-à-dire qui se sentent libres et responsables de leurs choix professionnels − sont plus heureux et productifs.


Par ricochet :
S’affirmer aux dépens des écoles privées : invitation au dialogue ! (Mario tout de go)

Guichets bancaires à la merci de Windows

Avec tous les problèmes de sécurité que connaît Windows, peut-on concevoir que des banques lui confient l’opération de leurs guichets automatiques ? Après avoir consulté l’article de la BBC, voyez l’amusant commentaire au bas de ce billet.

Le cannibalisme à la Wal-Mart

Parmi le top-ten des personnes les plus riches du monde, la famille Walton, principale actionnaire de la chaîne Wal-Mart, accapare quatre places. Par conséquent, je rage qu’une compagnie qui fait des profits annuels de plus de 9 milliards $ tente par tous les moyens d’empêcher la syndicalisation d’un groupe d’employés. Le cas MacDonald qui se répète. Vaut-il la peine d’économiser 10 ¢ sur un paquet de torchons si c’est pour maintenir les salariés au plus bas de l’échelle ? L’ironie de cette situation est que la clientèle et les travailleurs de Wal-Mart appartiennent à la même classe sociale, d’où une forme de cannibalisme dont s’enrichissent les propriétaires. La glorification du profit, aux dépens de la valorisation du travail, mène inexorablement à l’exploitation de l’individu.

Une allocation pour contrer le décrochage

Souvent plus pragmatiques, les Anglais ont trouvé une solution efficace pour lutter contre le décrochage scolaire : une allocation hebdomadaire aux élèves des familles démunies pour les aider à poursuivre leurs études secondaires. De plus, l’élève reçoit une prime chaque fois qu’il réussit un cours. L’efficacité du programme peut se mesurer à son succès. Considérant le coût social du décrochage scolaire et les chances inégales des élèves issus des milieux défavorisés, l’investissement est à la fois rentable et apprécié des jeunes.

Mise à jour (22 juin 2005) | Le programme s’avère populaire auprès des jeunes : près du tiers des Écossais de 16 ans se prévalent du programme (BBC : Pupils accept learn-and-earn cash).

Le Canada investit moins en éducation

Rapport inquiétant : l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) classe le Canada au 19e rang des pays industrialisés pour le pourcentage du produit national brut consacré à l’éducation primaire et secondaire. Quant aux études universitaires, le Canada se situe au 3e rang. Aurions-nous fait le choix de miser sur les étudiants plus performants (comme la politique d’appui financier des athlètes olympiques) ? Pour plus de détails, voyez le rapport de de l’OCDE et l’article du Globe and Mail.