La philanthropie des enseignants


TiepoloGenerosity.jpgLa philanthropie est la soeur jumelle de la pitié.
(Proverbe grec antique)

À la générosité de temps et de coeur des enseignants, il faut désormais ajouter la bourse. Une collègue a fait l’achat pour sa classe d’un projecteur pour ordinateur, une dépense de 1 500 $ tirée de sa poche. J’en ai été soufflé. Il ne s’agit plus de crayons et de gommes à effacer. Ajoutez à cela le coût du portatif qu’elle a aussi déboursé, comme plusieurs autres enseignants, et on arrive à 3 000 $ de dépenses professionnelles qu’elle ne peut même pas déduire de l’impôt. Je m’incline devant tant de bonté pour pallier la misère de nos écoles. Pendant qu’ailleurs au Canada on munit les classes de tableaux blancs électroniques, c’est tout juste si un professeur au Québec obtient qu’on remplace son tableau d’ardoise par un tableau à crayons-feutres.

Écoles vétustes, environnements insalubres, surcharge de travail, matériel déficient. Non mais… quelle galère! Le gouvernement, semble-t-il, se soucie plus des usines que des enfants. Piètre calcul pour l’avenir.

Mise à jour, 10 octobre 2007 | J’ai supprimé le dernier paragraphe de ce billet, lequel comprenait des faits erronés (voir le troisième commentaire). Je remercie Sylvain d’être intervenu si rapidement. Un bel exemple de la dynamique des blogues.


(Image thématique : Generosity Bestowing Her Gifts, par Giambattista Tiepolo)


Par ricochet :

Les enseignants font la charité aux écoles

Savoir dire non aux TIC

La laine sur le dos des enseignants

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13 réponses

  • À mon avis, les ordis des salles de profs ne suffisent plus, car ils sont « collés » à Windows 98 qui gère très mal les clés USB de diverses marques si on n’a pas préinstallé les nombreux pilotes requis…

    Mais c’est un infime détail, quand on compare cea à l’achat d’un projecteur et de son propre portable (Ce que je me suis résolu à faire pour le portable, car j’en avais assez des ordinosaures vétustes, lents et instables (un devait être redémarré 4-5 fois par jour, minimum) des salles de profs !)

    Bien sûr je n’aurai aucune déduction d’impôt, ce qui en soi est complètement ri-di-cu-le !
    Quand on sait en plus que les administrateurs ont le portable fourni (en totalité ou en partie, il faudrait que je vérifie), c’est encore une raison de plus pour nous mettre en colère…

    En passant, dans nos salles de profs, les nouveaux ordis ne sont pas neufs, ce sont des restants pas mal moins pire que ce qu’on avait qui ont été ramassés quelque part… Je vérifierai dans les propriétés pour savoir quelles capacités ont ces « nouveaux » équipements.

  • J’aurais dû me méfier des apparences ;-( J’avais cru que les ordinateurs en question, dans leur emballage de plastique, étaient neufs. Je retiens la leçon. Merci des précisions, Sylvain. À la lumière de ton commentaire, la réutilisation d’ordinateurs plus récents s’avère une bonne décision. Par conséquent, on devrait s’en tenir au premier sujet du billet, soit l’achat du matériel informatique par les enseignants.

  • Je reproduis ici, par souci de transparence, le paragraphe supprimé à la fin du billet :

    Au même moment, je découvre dans la salle de travail des enseignants trois ordinateurs flambants neufs pour remplacer ceux qui sont déjà là. C’est une bonne nouvelle en soi, sauf que les ordinateurs existants suffisent très bien à la tache. Un investissement dans le statu quo. Ne pourrait-on pas consulter les enseignants sur l’achat du matériel informatique afin de mieux répondre aux besoins d’utilisation et d’innovation?

  • En 2007, l’ordinateur est un outil essentiel. De plus, si on demande aux élèves, dans le programme d’étude ou ailleurs (je ne connais pas bien les programmes québécois), d’être capable de réussir une compétence TIC, on devrait, à tout le moins, en demander autant des enseignants et leur fournir un outil de travail adéquat, donc un ordinateur portatif. Au Nouveau-Brunswick, l’ancien gouvernement a fait un pas de géant en permettant aux enseignants d’avoir leur propre ordinateur portatif. Et maintenant le nouveau gouvernement suit le même chemin en permettant des budgets important pour des idées innovatrices. Je crois que le Nouveau-Brunswick est devenu un chef de file en cette matière et les systèmes d’éducations de toutes les provinces canadiennes devraient en faire autant. Il faut mentionner qu’en plus des ordinateurs portatifs, toutes les écoles du Nouveau-Brunswick ont un accès sans-fil. Qui y aurait cru cinq ans passés? Investissement inutile? Heureusement, on remarque l’utilité de cet investissement et nos dirigeants sont les premiers à en parler! Je vous souhaite donc la même chose d’ici 2010…Est-ce réaliste? Le temps nous le dira!

  • Luc Papineau dit :

    Je connais un prof qui a pris son allocation de stagiaire pour s’acheter du matériel informatique et des séries de romans. Elle pourrait prendre des congés sans frais. Mais non! elle investit dans sa classe!

  • J’écrivais plus tôt : «les nouveaux ordis ne sont pas neufs, ce sont des restants pas mal moins pire que ce qu’on avait qui ont été ramassés quelque part… Je vérifierai dans les propriétés pour savoir quelles capacités ont ces « nouveaux » équipements.»

    Vérification faite : Pentium 4, 2,8 GHz, 512 Mo RAM, Win XP 2002 Service Pack 2. C’est quand même pas pire comparé à ce qu’on avait (Même pas P4, probablement Céléron… qui se comptaient en MHz, max 500 je crois), mais ça va vieillir tout de même rapidement. On ne peut pas espérer faire 5 ou 6 ans avec ces ordis… (Il n’y a que les Mac qui durent aussi longtemps en pouvant continuer de tenir la route, sauf peut-être avec quelques animations Flash (de plus en plus courantes sur plusieurs sites et réseaux) plus gourmandes en processeur…

  • Ce que je viens de lire me rejoint énormément. Je me sens interpeler par cette situation. J’ai moi aussi dû utiliser mon matériel informatique personnel (caméra vidéo et appareil photo) pour arriver à faire les activités qui sont présentées dans le blog « Mon carnet de classe ».
    J’envisage très sérieusement la même possibilité que cette enseignante, c’est-à-dire de m’acheter un ordi et un projecteur pour ma classe. Comme plusieurs personnes le savent, j’ai essayé de faire appel à la générosité du public. Malheureusement, ça n’a pas marché. J’aurais pu avoir 2 ordis mais ils étaient trop âgés selon le technicien pour qu’il s’en occupe. C’est vrai qu’ils sont débordés ces derniers temps…
    Finalement, je comprends tellement les enseignants qui en viennent à prendre de telles décisions. C’est la frustration de ne pas avoir les outils nécessaires pour faire son travail. Comme les solutions sont peu nombreuses… Il ne reste qu’une seule voie : se procurer soi-même le matériel nécessaire. Pouvez-vous imaginer un médecin qui aurait à faire la même chose? Comment pourrait-il prendre soin de ses patients?

    En fait, ça fait quelques temps que j’y pense. Depuis juin… J’en arrive à la conclusion que je devrais me partir une petite compagnie. Je pourrais au moins déduire l’achat du matériel dans mes impôts. Je pourrais aussi y entrer d’autres dépenses comme l’hébergement de mes 2 blogs. L’école a accepté de payer les frais pour héberger « Mon carnet de classe » mais l’an prochain, ce sera une autre histoire. Aurai-je alors à défrayer l’hébergement moi-même si je souhaite que le projet se poursuive?
    Ce doit être cela avoir la « vocation »…

  • Je crois que Sylvain St-Jean touche un point intéressant, du côté de la piste fiscale qui est loin de nous avantager, nous les profs.

    On ne peut se faire fournir du matériel pédagogique décent que rarement, et très difficilement… On ne peut déduire au moins une partie de notre propre matériel pour utilisation professionnelle, la loi de la fiscalité étant contre nous sur ce point.

    Que reste-t-il sinon se partir sa propre compagnie dont les services seront utilisés par le proprio lui-même quand il est sur « sa chaise » de prof ? Est-ce possible de se dédoubler ainsi aux yeux de la fiscalité ?

    Ça semble être la seul issue possible présentement, mais elle implique un lot de paperasse !!! Faudra s’engager un comptable… et est-ce que ça sera encore rentable ainsi ?

  • Luc Papineau dit :

    Je ne crois pas que le scénario indiqué par Sylvain Saint-Jean puisse s’appliquer automatiquement dans une école secondaire québécoise. Le prof n’a pas l’autorité de conclure des contrats avec un sous-traitant. Il doit passer par la direction.

    Le projet pédagogique dont il traite le permet peut-être, mais je doute malheureusement que cela puisse être le cas de tous les profs.

  • En fait, lorsqu’il s’agit d’un budget de l’école, je dois aussi passer par la direction et acheter chez un fournisseur homologué par la commission scolaire.

    Mais quand on parle de mon matériel personnel, c’est différent. Je ne l’achète pas pour l’école. Je l’achète pour moi mais je peux l’utiliser quand j’en ai besoin où bon me semble. C’est ce que tout le monde fait. Hier, j’ai utilisé mon propre appareil photo pour une activité avec mes élèves. Je sais par contre que s’il lui arrive quelque chose, je n’ai aucune garanti. Si un élève l’échappe par accident, je n’aurai plus qu’à m’en acheter un autre. Je ne suis pas couvert par les assurances de la commission scolaire.

  • Si quelqu’un peut trouver une solution pratique à ce problème, je lui tire mon chapeau. À long terme, et pour l’avancement de l’éducation, il reste que la seule solution envisageable est d’ordre politique. Par conséquent, j’envie l’initiative du gouvernement au Nouveau-Brunswick, de même que tous ceux qui mettent l’épaule à la roue. Pour ma part, j’écrirai à mon député et je voterai contre le parti actuellement au pouvoir.

  • Luc Papineau dit :

    Croyez-vous qu’un autre parti fera mieux?

  • À court terme… non. Mais à la longue, qui sait?



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