Visualisation et pensée


HaoVisualAcuity.jpgVoir est un acte : l’oeil voit comme la main prend.
(Paul Nougé)

De tous les sens, la vue règne. Dans un texte, par exemple, le regard se porte d’abord sur les images. Et dans une conférence, même un mauvais PowerPoint capte mon attention avant le discours. L’éducation ne peut négliger pareille évidence. Ainsi, la visualisation suscite une analyse différente du texte ou du discours, plus descriptifs. Plutôt que de favoriser l’un aux dépens de l’autre, on gagnera à les associer afin d’enrichir l’expérience d’apprentissage; au besoin, on les séparera en fonction du but poursuivi.

Les enfants, sans doute, sont plus sensibles aux stimuli visuels. C’est pourquoi il y a lieu de s’intéresser à la pédagogie préconisée par Visual Thinking d’un groupe de recherche du Graduate School of Education de d’Harvard. L’approche cherche entre autres à rendre la pensée visible pour favoriser la métacognition, explorer de nouvelles idées et stimuler la créativité.

Visible Thinking has a double goal: on the one hand, to cultivate students’ thinking skills and dispositions, and, on the other, to deepen content learning. By thinking dispositions, we mean curiosity, concern for truth and understanding, a creative mindset, not just being skilled but also alert to thinking and learning opportunities and eager to take them.

Mise à jour, 1 février 2008 | Meryl K. Evans présente une formidable collection d’articles, d’examples et de ressources, dont une rubrique consacrée aux blogues, sur le thème de la visualisation (Meryl’s Notes Blog : 175+ Data and Information Visualization Examples and Resources). Vraiment épatant.


(Image thématique : 2006 New Visual Acuity Chart for General Use, par Lu Hao)


Par ricochet :

Langage et visualisation : hommes et femmes diffèrent

Moderniser l’évaluation / ‘visualiser’ la pensée

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2 réponses

  • -O- dit :

    « L’homme est une créature inventive de formes et de rythmes ; c’est à cela qu’il est le mieux exercé et il semble que rien ne lui plaise autant que d’inventer des formes. Observons seulement de quoi notre œil s’occupe dès qu’il n’a plus rien à voir ; il se crée quelque chose à voir. Il se peut qu’en pareil cas notre oreille agisse de même ; elle s’exerce. Sans cette transformation du monde en formes et en rythmes, il n’y aurait pour nous rien de « semblable », donc rien qui ne se répète, donc aucune possibilité d’expérience ni d’assimilation, de nutrition. Dans toute perception, c’est-à-dire dans la forme la plus primitive de l’assimilation, l’essentiel est un acte, ou plus exactement une imposition de formes ; seuls les esprits superficiels parlent d’« impressions ». L’homme prend ainsi conscience de sa force comme d’une force de résistance et plus encore de détermination, une force qui refuse, choisit, modèle, ramène à ses schèmes propres. Il y a de l’activité dans le fait d’accueillir une excitation et de l’accueillir comme telle ou telle. Le propre de cette activité est non seulement de construire des formes, des rythmes et des successions de formes, mais de décider si la forme ainsi créée doit être assimilée ou rejetée » (Nietzsche, La volonté de puissance, Vol. II, chapitre 5, §613).

  • Le PowerPoint me semble surtout très exigeant pour celui qui le construit, et par suite très formateur. Il demande à ce que l’auteur structure très fermement son propos (sa pensée). D’autre part, il est important de noter qu’il constitue un formidable support pour l’expression orale. Il aide à parler, il pousse à le faire, mettant le sujet en situation de commenter quelque chose de solide, qu’il a produit lui-même mais qui a acquis comme un statut d’objet. Ce que permet le PowerPoint en matière d’expression orale me fait songer au jazz et à ses improvisations… Ceci pour dire que la visualité et l’oralité peuvent bien être complémentaires.
    La découverte de cette complémentarité n’est d’ailleurs pas nouvelle. Elle remonte à l’Antiquité et aux ‘arts de la mémoire’ dont nous ont parlé Yates et surtout Mary Carruthers.



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