Les écrans géants tapissent les villes


Après avoir envahi les maisons, voilà que les écrans électroniques s’apprêtent à conquérir l’espace urbain. Le phénomène n’est guère nouveau, comme en témoignent toutes les grandes villes, de New York à Tokyo. Mais c’était avant les écrans plats surdimensionnés et les nouvelles technologies en matière de tableaux publicitaires. À tel point que First Monday y consacre un numéro spécial comprenant pas moins de 15 articles.

Pour ma part, ce n’est qu’une étape de plus dans l’abrutissement des masses. Les divertissements à grande échelle jouent le même rôle que le Circus Maximus : amusons les foules pour les empêcher de trop penser. Qu’il s’agisse de sport professionnel ou de télé-réalité, il n’y a que la forme de l’arène qui change. Quant aux fauves, on les costume.

En guise d’exemple, les médias ont transformé le Super Bowl en frénésie collective. Les ventes de bière et de chips atteignent des sommets. Les bars se travestissent en salles de spectacle. Naguère, on se rassemblait sur la place publique pour chanter et danser. Aujourd’hui on se plante devant la télé, on boit de la bière et on mange des chips.

L’urbanisme me fascine, car il en dit long sur l’Homme détaché de la nature. Il faut une sacrée force de caractère pour échapper aux formidables mâchoires bétonnées de la ville et à l’hypnose des médias, dans l’espoir de préserver une certaine liberté de pensée. Combien de vies sont immolées à ces machines des civilisations ? Malheureusement, en sacrifiant la philo, les écoles se font inconsciemment les complices de cette narcose.

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2 réponses

  • « Naguère, on se rassemblait sur la place publique pour chanter et danser. » Ou on allait voir les gladiateurs au Colisée. « Du pain et des jeux » qu’ils disaient, devenu aujourd’hui, « des chips et une bonne game ».

    Oui, se retrouver autour d’un spectacle commun, télédiffusé, n’est pas comme se retrouver autour d’un instrument et chanter et danser. Mais il ne faut pas rejeter l’aspect socialisation. J’ai appris à connaître une de mes amies les plus chères devant cet écran — qui devenait alors prétexte à discussion. D’ailleurs, le fait de chanter et danser, ou faire un bal, servait également naguère à s’amuser pour s’empêcher de trop penser. Jane Austen s’en plaignait déjà il y a deux cents ans.

  • Je généralise, bien sûr, histoire de faire de la macro-analyse. Heureusement, il y a une foule de gens qui savent exploiter les médias électroniques, plutôt que de se laisser hypnotiser. Mais cela devient de plus en plus difficile depuis leur commercialisation, conséquence de quoi, par mimétisme, les médias se font le reflet de leur public. J’ai parfois l’impression que la règle numéro 1 du journalisme n’est plus d’informer, mais de satisfaire les goûts du public. Ainsi, les médias de masse sont un miroir social.



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