Les palmarès des blogues éducationnels


Avec la fin de l’année viennent les palmarès. Du moins chez nos voisins du sud, où ils sont plus populaires qu’au Québec : le top 10 des meilleurs livres, films, disques, inventions, etc. La blogosphère n’y échappe pas. Les blogues éducationnels ont déjà leurs Edublog Awards. Et voilà que eSchool News, avec l’appui de Discovery Education, lance le concours Best of the Education Blogs (eSchool News : Educational bloggers vie for national recognition). Ma première réaction fut du dépit pour ce qui s’apparente au fameux palmarès des écoles secondaires de L’Actualité. Mais comme je me méfie des réactions initiales, nécessairement fondées sur les préjugés, j’ai fouillé la question un peu plus longuement. Or, je décèle dans les palmarès des avantages que je n’avais pas entrevus.

On n’aime guère les palmarès dans les milieux intellos. C’est trop populiste. De toute évidence, il est présomptueux de départager des oeuvres complexes dont le mérite repose principalement sur des qualités intangibles. On préfère apprécier les choses en fonction de leur valeur intrinsèque, sans nécessairement comparer, mesurer, ou hiérarchiser. La tangente que prend l’évaluation, dans le nouveau programme de formation, en est une autre illustration (seulement une observation, non un jugement de valeur).

Plutôt que d’établir un palmarès des blogues, on préfère diriger les projecteurs sur les billets individuels. L’Infobourg fait connaître, de temps à autre, ses 5 coups de coeur. Il n’y a pas si longtemps, Opossum a tenté de commercialiser une Revue québécoise des blogues en éducation, laquelle n’a pas suscité l’intérêt escompté. Encore dernièrement, Margarita Péres-Garcia a initié le Carnaval des blogues en éducation, dont Mario s’est fait l’éditeur du premier numéro à paraître. Toutes ces initiatives témoignent de l’avant-gardisme de certains médias spécialisés de diffuser les écrits des gens de terrain.

Tout en encourageant les efforts de ces précurseurs, notre aversion pour les concours joue contre nous. Car il faut distinguer les intérêts des blogueurs de ceux de la blogosphère. C’est l’éternelle dichotomie du bien des individus vs le bien de la collectivité. Quoique les concours et les palmarès ne rendent pas justice aux participants, ils ont l’insigne avantage d’attirer l’attention sur un phénomène, notamment l’attention des médias. Ainsi, les retombées risquent de profiter à toute la communauté. Pour cette raison, j’ai inscrit mes blogues à Top blogues (source : Mario tout de go), dans la catégorie éducation, malgré ma répulsion pour les concours.

La même question se pose à propos du palmarès de L’Actualité. Tout en continuant à dénoncer l’iniquité de ce classement, il faut admettre que c’est malheureusement l’un des rares événements médiatiques à attirer l’attention sur l’état des écoles secondaires du Québec. C’est un tour de force, considérant le désintéressement général pour le milieu de l’éducation. Plutôt que d’ignorer la chose, comme le font maintenant les écoles, ne vaudrait-il pas mieux saisir l’occasion pour débattre publiquement de l’état de notre système scolaire ? Il y a plus à gagner en discutant des inégalités qui affectent les écoles qu’à ignorer le problème. Mais cela présuppose une volonté sociale.


Par ricochet :

Palmarès des écoles anglaises

Revue : Les 10 livres les plus dangereux

Bulletin 2005 des universités canadiennes


Top Blogues : un palmarès québécois (Jean-Pierre Cloutier : Le blogue)

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