Le fossé technologique entre le MELS et les jeunes

Le fossé technologique entre la réalité des jeunes et les outils d’apprentissage offerts par le MELS dans les écoles se creuse à une vitesse effarante. Deneen Frazier, co-auteure de The Internet for Your Kids, cerne très bien la question dans une entrevue accordée à la revue Innovate : Taking a Journey with Today’s Digital Kids: An Interview with Deneen Frazier Bowen (PDF).

La question est reprise par Fernette et Brock Eide (Teaching for “Restless Natives”), lesquels retiennent de l’entrevue les cinq points suivants :

- les élèves veulent plus de choix et de décisions dans les apprentissages, avec plus de flexibilité;
- ils veulent plus d’occasions de penser de façon collaborative (et ce n’est pas « tricher »);
- ils veulent plus d’occasions d’expérimenter avec les sources d’information alternatives;
- ils apprécient les diverses technologies, comme le multimédia;
- la mémorisation, comme finalité éducative, ne fait aucun sens.

Mais ce qui a le plus capté mon attention est cet excellent texte de Marc Prensky, en référence de l’article de Innovate : The Emerging Online Life of the Digital Native: What they do differently because of technology, and how they do it (PDF). Par digital native, Prensky désigne cette nouvelle génération de jeunes qui ont grandi avec Internet. L’analyse qu’il fait du bouleversement des nouvelles technologies sur les savoir-faire des jeunes est fascinante. Je reproduis ci-dessous les principales activités que les jeunes technophiles ont appris à faire différemment de leurs parents (et de leurs enseignants).

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Les sceptiques, parmi lesquels on semble retrouver des chercheurs, politiciens et fonctionnaires du MELS, objecteront que les avantages des nouvelles technologies au regard des apprentissages n’ont jamais été clairement démontrés. Mais encore faut-il savoir par rapport à quels objectifs, et comment les technologies en question sont utilisées. Il me semble que pareil jugement est encore très précipité.

En éducation, comme dans les autres domaines des sciences humaines, l’accélération de l’évolution fait en sorte que la science empirique, avec la lenteur et la rigueur qui la caractérisent, est dépassée par la vitesse du changement. La polémique entre les tenants de l’enseignement explicite et les réformistes, sur la liste edu-ressources, en est un exemple concret. Il faut trouver un nouveau paradigme de recherche fondé sur la co-opération entre chercheurs et praticiens, ce que rendent possible les nouvelles technologies de la communication. Ou bien le monde de l’éducation expérimente et évolue, à l’instar des autres secteurs de pointe, ou bien il se laisse dépasser par les événements et s’enlise davantage dans l’obsolescence.

La conséquence la plus néfaste du retard technologique des écoles est le palliatif disciplinaire. La démotivation des élèves aboutit forcément à des écarts de comportement. Et la réaction instinctive de l’autorité scolaire consiste à renforcer les mesures de contrôle. C’est une pente glissante qui mène droit à la révolte.

Pendant que les éducateurs se chicanent, les jeunes modernisent leurs pratiques et leurs méthodes au gré du progrès. Le gouvernement n’a pas d’argent pour l’éducation ? Qu’à cela ne tienne… les parents et les jeunes investiront eux-mêmes dans les nouvelles technologies, lesquelles, directement ou indirectement, sont formatrices. Mais combien de temps encore avant qu’ils ne retirent tout à fait leur confiance à l’école ? Et peut-on encore accepter, socialement, de creuser l’écart qui sépare les riches des pauvres ?


Par ricochet :
Intégrer les TIC en classe
Tendances TIC sur les campus
Hypothèse sur les TIC en éducation
enGauge : théorie et intégration des TIC
Reconnaissance des TIC à l’école (ailleurs)
L’appropriation des TIC par les ados
20 compétences TIC pour les éducateurs
Les outils dernier cri pour les enfants du primaire
L’éducation de l’I-génération
Les technologies comme agents de réforme
Les TIC : un indicateur de réussite scolaire
Recette pour l’intégration des nouvelles technologies

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3 réponses

  • Clément Laberge dit :

    « Pendant que les éducateurs se chicanent, les jeunes modernisent leurs pratiques et leurs méthodes au gré du progrès. [...] Mais combien de temps encore avant qu’ils ne retirent tout à fait leur confiance à l’école ? Et peut-on encore accepter, socialement, de creuser l’écart qui sépare les riches des pauvres ? »

    De bien bonnes questions. Graves questions.

    Je ne suis seulement pas certain que la frontière soit autant « les riches et les pauvres » qu’on le croit. À suivre…

  • Dans les pays industrialisés, le fossé entre les riches et les pauvres n’est effectivement pas le principal obstacle à l’accès aux nouvelles technologies. Dieu merci, nous n’avons pas ici de bidonville (ce qui ne signifie pas pour autant que la pauvreté soit acceptable). Néanmoins, c’est un facteur additionnel pour creuser l’écart, ne serait-ce que dans la perception que chacun en a, surtout en bas âge.

  • Pour une diplomatie citoyenne et humaniste
    les droits de l’homme ,un pacte international

    Il s’agit d’un pacte explicite qui oblige tout responsable animé d’un esprit de démocratie ,de loyauté et de dévouement,à faire preuve d’une diplomaitie citoyenne,non seulement au sein de son territoire,au profit de ses concitoyens,mais en observant une acception humaniste en matière de gouvernance et de solidarité envers d’autres pays dont le niveau de vie est défaillant.

    En effet,à la lecture de la dite charte,il s’avère incontournable que le texte ne laisse entrouvoir aucune restriction ou exclusion quant à l’applicabilité des clauses reconnues universellement.C’est dire que le bien être n’est cadré par aucune exception d’origine religieuse,culturelle ou géopolitique:tous les humains sont pariels et doivent jouir pleinement de tous leurs droits.

    La diplomatie internationale est affaire de tous

    Il incombe donc à tous les responsables qui se respectent et qui respectent leurs concitoyens,de fédérer leurs efforts pour initier des plans d’actions en termes de partenariats et de solidarité à destination des pays en voie de développement,partant d’une base de données qu’il faudrait redéfinir pour dépasser cet esprit de regroupement,peu fiable,qui colle àdes contingences continentales,ethniques et géographiques.

    Les responsables aux affaires des peuples doivent incarner un profil de diplomate mondialiste,enclin à adhérer à un projet de gouvernance citoyenne sans frontières



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