Quand on incite les profs au piratage


Je ne sanctionne certainement pas le piratage, et je me fais un devoir de payer les applications que j’utilise. Mais il faut reconnaître que certaines administrations débilitent la vertu. Quand je vois les bâtons que l’on met dans les roues des enseignants qui font l’achat de logiciels, je comprends malheureusement ceux qui sont tentés de recourir au piratage. Les enseignants ont mieux à faire que de s’emberlificoter dans les vérifications si chères aux administrateurs. Dans un commentaire, André confirme l’aberration de traiter les professionnels comme des manoeuvres.

Dans un contexte de cachexie budgétaire, je comprends qu’un professionnel doive faire approuver un achat. Toutefois, il est illogique qu’il doive justifier la nature professionnelle d’un achat d’une trentaine de dollars non-pas par une instance (la direction d’école), mais par une deuxième (la commission scolaire). D’autant plus que dans le cas précis (mais non unique) que je relate, la dépense est prélevée dans un compte individuel pour les allocations versées par l’université en échange de la formation des stagiaires. (Le droit de regard de l’administration s’explique par le fait que les achats sont faits au nom de l’école afin d’économiser les impôts sur le salaire ; de fait, le matériel appartient à l’école, même si l’enseignant en a l’usufruit.) J’ignore à combien s’élève le coût de tous ces contrôles administratifs, compte tenu de la quantité des achats, mais il est illogique de resserrer les dépenses qui profitent directement aux élèves pour les accroître à l’autre bout, du côté de l’administration.

Non seulement ce genre de tracasserie entrave-t-il le travail d’un enseignant, mais cela mine sa motivation et toute la dynamique d’initiative au sein de l’école. Il appert que c’est un autre cas de mesures draconiennes pour contrer des écarts sporadiques. C’est un bien mauvais calcul. À défaut d’un budget individuel, et d’un sens de la rectitude, j’ignore si je saurais résister à la tentation du piratage.


Par ricochet :

La caducité des commissions scolaires

Il suffit de quelques abrutis

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