Les enfants pauvres et la rentrée


Robert Cadotte, directeur du Centre de formation sur l’enseignement en milieux défavorisés, a publié dans Le Devoir un fameux texte, rempli d’humanité, sur le désespoir des enfants pauvres face au moulin de l’éducation. Le sujet se rapproche de ce qui me contrarie dans la disparité entre les écoles publiques des milieux riches et pauvres. …

Intitulé Les enfants pauvres, les oubliés de la rentrée, ce cri contient plusieurs passages troublants.

Ces enfants pauvres qu’on ne veut pas voir, ce sont eux surtout qui ne termineront pas leur secondaire. C’est à cause d’eux également que certains parents décideront d’envoyer leurs enfants à l’école privée. Pour éviter de les fréquenter…

Ce sont ces enfants pauvres aussi qui seront refoulés dans des classes spéciales après avoir connu des échecs répétitifs. Après un certain temps, ils seront considérés comme des élèves à risque ou seront affublés d’une cote : 12, 21, 53… Ces cotes si rassurantes pour les intervenants, car elles permettent de classer les élèves dans la catégorie des enfants problèmes.

[...] les enfants pauvres sont ceux qui sont considérés comme les malades de l’école. Comme si la pauvreté était une maladie. Ce sont eux, individuellement, qui sont considérés comme les problèmes et non la pauvreté qui a engendré leurs dysfonctions.

[...] leurs parents aussi sont vus par la lorgnette médicale. Ils sont des parents problèmes… parce qu’ils ont échoué. À quel examen ? À celui de la compétition pour obtenir les emplois disponibles. À celui de ne pas avoir de maison, pas de vêtements chics, pas d’auto rutilante. À celui surtout d’être partis en retard dans la course aux diplômes, parce que leurs propres parents étaient de petits ouvriers également pauvres.

Cette année, avant de coter les enfants, demandons-nous si l’école prend vraiment les bons moyens pour aider les enfants pauvres et leurs parents à sortir de la pauvreté ? Dans notre façon de les aborder, ne sommes-nous pas en train de les rendre responsables de ce système qui engendre la pauvreté ? Est-ce que nous les équipons pour changer le monde ou bien pour l’accepter tel qu’il est ?

Un peu dans la même veine, le magazine Le Point marque la rentrée en dénonçant ces enseignants qui prennent un malin plaisir à mortifier les élèves (Ces profs « peau de vache » qui humilient). On a de la difficulté à croire que ces choses-là arrivent encore de nos jours. Je me console quelque peu (mais si peu) à la pensée qu’il s’agit d’un reportage français et que cela ne saurait se produire au Québec. Ou est-ce que je me trompe ?


Par ricochet :

Des écoles publiques à deux vitesses

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