Le temps d'apprendre


L’expérience m’a profondément convaincu que le temps constitue un facteur déterminant de l’apprentissage. Il faut effectivement beaucoup de temps pour construire les connaissances de façon à pouvoir les objectiver : le temps d’analyser, d’établir des liens, de donner un sens, de synthétiser, d’essayer, d’évaluer, etc. Un programme d’enseignement qui empile les connaissances écourte forcément le temps requis à l’acquisition de chacune. D’où l’importance d’élaguer les programmes de tout le superflu pour se consacrer à l’essentiel. Les élèves découvriront bien l’accessoire au gré de leurs fantaisies. Quand je pense à la faible proportion de connaissances que je retiens de toutes mes années de scolarisation, j’en pleure de dépit. Ce qui m’a toujours été utile, cependant, c’est la méthode. …

Mais se peut-il que certaines disciplines, telles les mathématiques, nécessitent plus de temps pour les apprentissages ? Cette hypothèse m’est venue à la lecture d’un billet de Fernette et Brock Eide au sujet d’un interview avec le mathématicien Roger Penrose, dans lequel on apprend que ce dernier avait besoin de plus de temps que ses pairs pour réfléchir (il a même doublé une année). Je suis d’avis que plus les notions sont abstraites (du point de vue de l’apprenant), plus le temps de réflexion nécessaire à l’apprentissage est long. Or, comme les mathématiques jonglent avec des notions particulièrement abstraites, surtout quand on aborde l’algèbre, les disparités dans les rythmes d’apprentissage varieront davantage que dans d’autres disciplines scolaires. Par conséquent, l’individuation des apprentissages y serait d’une plus grande nécessité.

L’autre hypothèse, naturellement, est que je divague :-)


Par ricochet :

En quête de lenteur

Trop occupé pour penser

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2 réponses

  • J’écrivais, dans un de mes premiers billets&nbsp:: « ‘information n’est connaissance qu’une fois assimilée, absorbée. La connaissance résulte d’une action de l’esprit qui tire quelque chose de l’information disponible. Et elle prend du temps. À force d’accélérer l’acquisition des données, on enlève, paradoxalement, du temps à leur assimilation. On aurait pu croire que le temps qui a été sauvé nous donnerait l’occasion d’intégrer plus à fond, mais le contraire se produit: puisque l’acquisiton est rapide, il y a un sentiment qui veut que l’assimilation le soit également. »
    Je suis d’accord que certaines connaissances prennent plus de temps à assimiller, étant plus abstraites, donc plus «distillées». D’un autre côté, il se peut que certains esprit on l’habitude de l’abstrait et l’assimilent plus rapidement (au détriment du concret? je ne puis dire).

  • Je trouve le premier paragraphe de Marc André particulièrement intéressant, surtout dans le contexte de son billet original qui fait référence à la surcharge d’information (information overload). Cette perspective déborde du cadre éducationnel et ne fait qu’ajouter à la valeur du phénomène. C’est d’ailleurs un aspect qui me préoccupe parce que j’en suis victime. Pour ceux que cela intéresse, Keith Robinson donne quelques conseils à ceux qui sont inondés d’information provenant des fils RSS.

    Je crois également que « certains esprits ont l’habitude de l’abstrait et l’assimilent plus rapidement ». C’est ce à quoi je faisais allusion dans le bémol entre parenthèses « (du point de vue de l’apprenant) ». Je crois néanmoins que le temps de réflexion requis est à la mesure de degré d’abstraction même chez ceux qui ont une grande capacité d’assimiler des notions abstraites. Mais ça ne reste qu’une hypothèse.



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