Blogues et convictions


Il n’y a pas qu’au Québec où les esprits s’échauffent quand il s’agit de choix pédagogique. Emmanuel Davidenkoff, qui en a certainement vu d’autres, est lui aussi la cible des opposants au renouveau pédagogique. L’ajout d’un encart non publicitaire affichant les dernières manchettes du Café pédagogique a eu, pour certains lecteurs, l’effet d’une gifle. L’encart, il est vrai, est une cocarde qui annonce une révolution. Or, en ces temps de bouleversement pédagogique, c’est forcément la vieille garde qui se sent menacée. …

Ce billet mérite d’être lu tant pour la véhémence des commentaires que pour la fermeté de l’auteur à défendre ses convictions. Des arguments qu’il soulève pour appuyer sa position, j’en retiens deux surtout :

Certains de mes professeurs m’ont appris les vertus du débat, le refus des dogmatismes, la tolérance aux idées qui n’étaient pas les miennes. Evidemment, dans un pays où plus de 50% des 18-25 ans, lors de la dernière Présidentielle, se sont abstenus ou ont voté aux extrêmes, tout ceci est un peu vieux jeu. J’assume.

et surtout …

Si ce blog est déserté parce que chacun voudrait qu’il soit le reflet exclusif de sa propre vision du monde, eh bien il sera déserté et j’aurai perdu mon pari : tenter de faire vivre un espace de dialogue autour des questions d’éducation qui ne duplique pas les espaces déjà existants mais permet, au contraire, quelques intersections inédites. Je fermerai. Je le regretterai. Mais j’aurai beaucoup appris.

J’insiste sur l’importance pour un blogueur d’être fidèle à ses convictions. La blogosphère est un agora. Un réel espace (par opposition à virtuel), limité uniquement par la pénétration de la technologie mais en pleine expansion, où les voix s’entrechoquent et concourent ultimement à la démocratie, la vraie, c’est-à-dire celle qui repose sur le débat public. Du coup, je rejoins l’idée exprimée par Martin voulant qu’un blogueur a une obligation morale de filtrer, dans le sens de critiquer et non de censurer, cet agora.

Il ne faut pas sous-estimer, par ailleurs, la capacité des blogues à faire émerger les convictions d’un utilisateur. L’apport de l’écriture à l’approfondissement de la réflexion a déjà été souligné. Peut-être même, sous l’effet du socioconstructivisme, les blogues contribuent-ils à raffermir ces convictions. Le choc des idées oblige l’individu à se faire une idée qui lui est propre ; on est aux antipodes des opinions, généralement filtrées par l’ordre établi, véhiculées par les médias traditionnels. C’est toute l’antinomie de la passivité et de l’activité. L’agora ne peut que mieux s’en porter.


Par ricochet :

La recherche connective

Étude quantitative (socioconstructivisme)

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